Pérignat ès Allier

A gauche, vue générale est - A droite, vue générale ouest


Pérignat ès Allier est dans le Grand Clermont, sur les rives de l’Allier, à 3 km au Nord-Ouest de Cournon-d’Auvergne.

Toponymie
Le premier nom de Pérignat est « Patrinoacum » du nom d’un important propriétaire terrien romain.
Un manuscrit de 1240 atteste qu’au Moyen Age, le village se nommait « Payrinhac ».
Au 15ème siècle le village prend le nom de « Pérignat oultre l’Allier » (de l’autre côté de l’Allier).
A la fin de l’ancien régime, le village se nomme le « Grand Pérignat », puis « Pérignat ès Allier » au 19ème siècle. D’aucuns pensent que le village s’appelle plutôt Pérignat SUR Allier : (Pérignat sur Allier, qui proviendrait d’une erreur d’enregistrement du nom du village à la fin du 19ème siècle).

Pérignat, comme Béville-le-Comte, se considère comme la capitale mondiale de l’épouvantail.

Histoire de Pérignat

(Sources : d’après Patrick Massiasse / base de données Mérimée, Palissy, Mémoire)

  • -2000 av. J.-C.

Présence humaine remontant à plus de 4000 ans Des céramiques (poteries communes de l’âge du fer), sépultures (enclos funéraire daté de la protohistoire au « Cros long » et un site d’habitation au lieu-dit « les Thiollières » en témoignent.
800-500 av. J-C
Des poteries d’environ 800-500 av. J-C ont été retrouvées au lieu-dit « les Thiollières » et en 1868, découverte sous les fondements d’une grange de neuf bracelets (800-500 av. J-C) en bronze placés de manière à ce qu’ils forment un cylindre. Au centre se trouvaient deux haches celtiques en serpentine.

  • -100 av. J.-C. à 400

Plusieurs vestiges de la période gallo-romaine ont été découverts : des enclos et fondations d’un bâtiment au « Cros Long ». Aux « Thiollières » beaucoup de fragments de poterie et de tuiles gallo-romaines, ce lieu-dit est sûrement l’ancêtre du village. A « Les Combes », plusieurs vestiges de mobilier gallo-romain et traces de Temple ont été mis à jour.

Il subsiste le tracé de la voie romaine. En effet, la commune était traversée par la route d’aquitaine qui passait par Feurs et qui gagnait Saintes, chef-lieu de l’Aquitaine. Le tracé de cette voie détermine la limite Nord de la commune de Pérignat sur toute sa longueur. Cette voie n’est peut être pas la seule car les tombes sont souvent situées aux abords immédiats d’une voie de communication et les dallages épars semblent confirmer cette hypothèse. Pérignat se serait donc situé à un carrefour et serait plutôt un bourg d’étape plus qu’une simple villa.
Une borne milliaire est décrite et dessinée par Gabriel Syméoni en 1561 « trouvée en un bourg appelé Pérignac »
.

  • En 1805 elle serait encore au bord de la rivière selon Delarbre. En 1831, toujours selon Delarbre, elle serait « dans la cours du Grand Pérignat ».
  • En 1843, J.B. Bouillet demande à l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Clermont de la faire déplacer. Elle semble avoir disparu en 1845, puis en 1854 elle est à nouveau mentionnée comme trônant « au Grand Pérignat, dans la cour du comte de Laizer ». Enfin, elle est donnée en 1885 au Musée de Moulins sur donation de Madame la Marquise de Laizer. Dessus est inscrit :
I CAES. DIVI
TR:IANI : ARTHICIFIL
DIVI NERVAE NEP :
TRAIANUS ADRI

Ce qui peut être traduit par « Hadrien-Trajan empereur et césar, fils du divin Trajan neveu du divin Nerva ». Elle aurait été gravée entre le 10 décembre 120 et le 9 décembre 121 après J.-C.
Dans une sablière de M. Planeix a été retrouvée une nécropole à incinération d’environ 20 tombes (urnes en céramique déposées dans une fosse, une urne en verre à fond carré avec une anse qui reposait à même la terre, fragments d’un petit coffre funéraire quadrangulaire et vestiges de céramique sigillée provenant de Lezoux, le tout datant du IIème siècle.

Deux pièces trouvées : un aureus de Carin (empereur romain de 283 à 285), un as d’Antonin (empereur romain de 138 à 161).

Des plaques d’argile cuite ornées de légers reliefs ornementaux ont été retrouvées puis ont disparu, sûrement des plaques décoratives du Moyen Âge.

Guillaume 1er Escot, dit « de Cournon » est le premier seigneur et propriétaire connu de Pérignat (en 1211). On ignore l’origine de sa famille mais « Escot » renvoie à l’adjectif « écossais ». Pérignat reste en possession de cette famille jusqu’en 1420, date de mort du dernier héritier Rolland de Lavieu. Ses neveux vendent la ville.

  • XVème siècle

Martin Gouge de Charpaignes, évêque de Clermont depuis 1415, l’acquiert en 1421. Frère du trésorier du Duc de Berry et chancelier du dauphin, futur Charles VII. Riche, il achète ces terres ainsi que Saint-Hérem et Espirat pour constituer la dot de sa nièce Jeanne, mariée le 28 mai 1421 à Jacques de Montmorin.

Gaspard de Montmorin, comme son père, est gouverneur d’Auvergne. Il aurait sauvé les protestants de la province lors de la Saint Barthélémy.

  • XVIIème siècle

Gilbert-Gaspard de Montmorin, comte de Saint-Hérem vend Pérignat en 1631.
Ces seigneurs ne résidaient généralement pas à Pérignat.

Pierre Chalier, écuyer de la paroisse d’Allanche du Cantal, rachète le 1er juin 1631
Pérignat et Bellerive pour 22.500 livres. Il vit dans le château. Proche des villageois,
cette famille parraine souvent des enfants du village.

Son fils, François, n’a plus la prétention au droit de cuissage.

  • XVIIIème siècle

En 1740, il y a 19 ha de vignes et 117 ha de labour.

Pierre Chalier, fait restaurer le château en 1743 et en 1762, il obtient l’érection de la terre de Pérignat en Comté.

Gabriel Chalier, meurt en 1789 à Clermont, il est inhumé à Pérignat.

Lors de la Révolution, les Pérignatois ont intercédé en faveur de la famille Chalier.

  • XIXème siècle

A l’époque d’Onslow, il y avait environ 600 habitants.
Un bras de l’Allier venait au pied des premières maisons en période de hautes eaux. Il n’en reste aujourd’hui aucune trace. En effet, le détournement naturel de l’Allier et l’établissement de la ligne ferroviaire Billom-Vertaizon à partir de 1875 ont causé son déclin et sa disparition. Plusieurs témoins de cette époque : nom de certaines rues (), le rattachement de Pérignat au canton de Billom dès 1800, les anneaux d’amarrages présents sur certaines maisons.

Le fort de Pérignat

L’église fortifiée se trouvait au cœur du village protégé par deux enceintes.


….. « L’église du village, malgré son droit d’asile et la basse-cour du château ne suffirent bientôt plus à protéger une population grandissante. Celle-ci fut donc amenée à assurer elle-même sa sécurité
et c’est ainsi que virent le jour, dès le 12e siècle (mais surtout pendant la guerre
de cent ans aux 14e-15e siècles), les villages fortifiés.
Le système défensif que les pérignatois construisirent alors s’est fait, au fil dutemps, très discret, mais il est encore perceptible…
…Au centre, l’église fut certainement la première à être fortifiée.
L’élévation du niveau supérieur permit de créer une immense salle à même d’abriter, en cas de danger, les villageois avec leurs réserves de nourriture et leurs biens les plus précieux. Des meurtrières leur permettaient alors de participer à la défense del’édifice dont le sommet fut équipé d’un chemin de ronde et de créneaux. Autour de l’église se trouve ce qui semble être une première enceinte.
L’augmentation de la population dut motiver cette extension qui, en raison de son cercle presque parfait, laisse à penser qu’elle fut construite sur les douves entourant l’église.
Elle est formée de « loges » qui sont de petites habitations (réduits-refuges) destinées à abriter la population. Construites les unes contre les autres leurs entrées étaient tournées vers l’intérieur du fort, le mur extérieur, sans aucun espace, formant muraille défensive. La première enceinte était donc apparemment constituée d’une douzaine de loges. Une nouvelle extension semble s’être ensuite avérée indispensable. Une seconde enceinte fut érigée, contenant une trentaine de loges supplémentaires. Ce nouveau rempart prit cette fois-ci en compte le château dont il devint le prolongement, cedernier protégeant alors le village au Nord…. »
(D’après le Texte de Patrick Massiasse)

Eglise Sainte Agathe

Romane : 12ème siècle, modifiée aux 14ème et 17ème
Témoignage des luttes religieuses, l’église a conservé son système de fortification sous la toiture : créneaux, chemin de ronde et arbalétrières.
A gauche : collatéral nord.

L’église romane Sainte-Agathe, fortifiée, remonte au 12ème siècle. L’édifice a été repris au cours des 16ème et 17ème siècles.
La cloche date de 1678.
Façade : clocher-mur et entrée ouest.
Sur les 4 cloches, il n’en reste plus que deux dont une datée de 1628.


Pour la petite histoire
La Révolution est passée par là : la Convention prescrit en 1792 que les cloches soient transformées en pièces de monnaie et en 1793 qu’elles soient converties en canon pour défendre la jeune république, autorisant toutefois chaque commune à en conserver une « qui serve de timbre à son horloge ». La rescapée (la plus grosse) côtoie aujourd’hui sa petite sœur, offerte en 1856 par la famille Onslow.
Le sceau du fondeur nous apprend qu’elle est l’œuvre de ClaudeBELOT dont on trouve les
Réalisations en Auvergne, Bourgogne et Limousin.
Elle a été réalisée en 1628 sous le règne du roi Louis XIII. Le tiers supérieur est orné de plusieurs lignes de texte agrémentées de frises, le tout en parfait état de conservation (sous les fientes de pigeons).
(D’après Patrick Massiasse, en collaboration avec Alain Fouillit)
Inscription sur le mur extérieur ?

Intérieur

  • La nef
    La nef comprend deux travées voûtées d’ogives à clefs de voûte (15ème).
    Les retombées d’ogives de la première travée de la nef se font sur des colonnettes à chapiteaux de feuillages.

    Nef centrale
    Tribune, croisées d’ogives

    Croisées d’ogives : chœur et tribune

    A gauche : Arcature romane.(bas côté nord)
    A droite : Chapiteau à feuillages.

  • Le chœur

    Les chapelles

    Chapelle de la Vierge Marie

    La statue de Marie est surmontée d’un dais gothique en accolade.

    L’angle du mur sud est orné d’une peinture murale représentant Jésus crucifié et une Pietà.

    Vitraux

    Saint Etienne martyr, lapidé
    Sainte Agathe patronne de la paroisse martyre eut la poitrine tranchée (plateau)

Statuaire

A gauche, Saint Laurent
A droite, Sainte Agathe martyre

Notre Dame des Victoires

A gauche, Education de la Vierge

A gauche, Saint Jean Baptiste
A droite : Saint Etienne portant les pierres de son martyre par lapidation.

Saint Verny


Saint Vernier, dit saint Verny en Auvergne, patron des vignerons est représenté avec l’habit traditionnel : jaquette, haut-de-chausses, jarretières, guêtres, souliers de cuir et feutre noir.
Il porte ses attributs : un échalas, des grappes de raisin, une serpette et un tonnelet de vin.
(Un autre de ses outils de vigneron, l’hoyau à sarder la vigne, a disparu).


Comment se protégeait-on de la foudre, selon le plus ancien registre de Pérignat
« Jean Canoy fust tué par le fouldre le septiesme jour du mois d’aoust 1674 environ dix heures du soir en sonnant les cloches pour le temps en qualité de sacraistain. »

Pourquoi donc notre sacristain sonnait-il les cloches à 10 heures du soir ?
L’expression « pour le temps » pouvait laisser penser au premier abord à unrapport avec l’heure : s’agissait-il de la dernière sonnerie avant le coucher ? dusignal de la prière du soir ?
La réponse me fut donnée à la lecture de l’ouvrage de Legrand d’Aussy * relatant son voyage en Auvergne à la veille de la Révolution, dans lequel, tout en malmenant copieusement la région et ses habitants, il nous fournit une moisson d’observations et de témoignages. Parmi ceux-ci nous apprenons qu’en Auvergne, à l’instar du reste de la France, il était coutume de sonner toutes les cloches des villages aux premiers coups de tonnerre.

Si l’on en croit la mention du Curé de Pérignat cette coutume semblait donc être déjà en vigueur au 17ème siècle.
Dans les années 1780 le Parlement de Paris avait rendu un arrêt pour mettre fin à cette pratique « trop souvent dangereuse » ; l’accident de notre sacristain était donc encore monnaie courante un siècle plus tard. Ceci laisserait par ailleurs sous-entendre qu’une grande partie des clochers, tant au XVIIe qu’au XVIIIe siècle, étaient à ciel ouvert.

Pour illustrer l’attachement de la population à cette pratique Legrand d’Aussy nous indique, en parlant du Parlement dont l’arrêt resta lettre morte :

« Il avait défendu de sonner les cloches en tems d’orage ; et tous les villages d’Auvergne sonnaient, comme auparavant. J’ajoute même que si un curé eût pris sur lui de vouloir faire observer la loi, et que par hasard la foudre eût tombé sur le lieu, on l’eût accusé du malheur, et qu’il aurait couru les plus grands risques. Il est vrai que malgré les sonneries, elle ne tombait pas moins, et qu’elle n’en éclatait même que plus souvent ; mais, si tu fais, sur cet objet, quelque remarque au paysan, il te répondra qu’on n’a pas sonné assez tôt, ou assez fort ; et il n’en sera que plus acharné à sonner une autre fois. »
Ainsi s’explique la mort de Jean Canoy, sacristain foudroyé en 1674.


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samedi 22 mars 2014
par  gs

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Le Saint Roch de Pérignat ès Allier en l’église Sainte-Agathe et Saint Laurent
Statue : h = 30 cm environ

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