Vierge en Majesté d’Apcher – XIIIe
En août 1960, cette statuette a été découverte dans la chapelle St Jean d’Apcher par l’abbé Poudevigne, curé de Prunières. Il s’agit d’une Vierge en Majesté qui se caractérise par la pauvreté de son métal, mélange d’étain et de plomb, recouvrant son âme de bois.
La statuette d’Apcher a été exécutée dans un premier stade à la cire d’abeille et c’est d’après ce modèle en cire qu’un moulage en plâtre a été pris dans lequel ont été versés à la cuillère le plomb et l’étain.
Le métal est fixé sur le support en bois et le siège en bois apparent.
On retrouve par endroit des traces d’une ancienne polychromie rouge sur la Vierge et l’Enfant.
Concernant cette œuvre, quelques points sont à souligner :
- la façon très droite dont la Vierge est assise sur le siège,
- la position de tenir l’Enfant bien dans l’axe du corps, non pas sur, mais entre les genoux,
- les très grandes mains de la Vierge, toujours rapportées, comme dans la plupart des statues de cette époque en bois ou en orfèvrerie ; elle tient une boule ou un fruit dans sa main gauche,
- le plan vertical qui se retrouve sur le côté gauche du manteau de l’Enfant,
- le voile de la Vierge repose sur ses épaules et sa robe est sans ornement,
- malgré les mutilations des couronnes, on voit les cabochons fondus dans la masse et la couronne de l’Enfant ornée de trois gros disques sur le bandeau et d’un gros disque central,
- des orfrois décorent le col des vêtements et se poursuivent dans la partie verticale du centre ; ils sont composés de cabochons fondus dans la masse et la colerette avec franges de la Vierge est particulière comme celle, plus sobre, de l’Enfant,
- l’Enfant tient le livre des Evangiles dressé sur ses genoux,
- les pupilles des yeux sont tracées avec vigueur, les épaules de la Vierge sont larges et l’ensemble de l’œuvre laisse apparaître une certaine lourdeur.
Quatre statuettes de ce type sont connues : - la Vierge de la chapelle St Valentin à Chateauneuf les bains (Puy de Dôme),
- la Vierge de la chapelle Notre-Dame de Baroille à Saint George-de Baroille (Lyon),
- la Vierge de l’église de Thuir (Pyrénées-Orientales),
- la Vierge du musée Marès de Barcelone (Espagne).
Par rapport à cette dernière, il convient de noter les liens entre le Velay et la Catalogne et notamment l’alliance du chapitre de Notre-Dame du Puy avec le chapitre de l’Eglise de Girone en Espagne, d’où la question qui reste posée au regard des deux éléments suivants : - la devise des barons d’Apcher était « d’Apchier Notre-Dame »,
- à son retour de captivité en 1360, Jean le Bon envoya deux ambassadeurs à Barcelone auprès du roi d’Aragon dont le sieur d’Apchier, ancien chambellan du roi de Majorque.
Ainsi donc, si ce n’est pas le Velay qui a fourni le prototype, ne serait-ce pas la Catalogne.
(In fiche signalétique de l’église)
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