L’église
1. La chapelle initiale fut détruite à une époque non déterminée qui pourrait se situer au XIIème siècle.
A cette époque, en effet, l’anarchie régnant un peu partout et, en particulier dans cette région, amena Gervais, Abbé de St Germain de 1116 à 1148, à créer un nouveau bourg à Diges et à le faire entourer de murailles. Dans ce bourg, un château fort et une chapelle, eux même placés dans un grand quadrilatère de murailles. De cette chapelle ne subsiste qu’une partie du chœur.
2. L’église fut agrandie au XVIème siècle, la nef reconstruite, et terminée ensuite par une façade de style classique en pierre blanche légèrement ocrée.
3. La façade est de la fin du règne d’Henri IV (1600). Le portail est cintré, sans linteau, orné de colonnes cannelées de l’ordre grec, dorique, ionique, mêlé de niches, de galbes ou voussures, le tout surmonté d’un entablement et de baies géminées flanquées de colonnes ioniques.
A droite au portail au pied du beffroi, une grande baie entre deux niches d’ordre corinthien sous lesquelles l’on peut lire, sous l’une, « Spes mea Deus », sous l’autre, « Soli Deo Gloria ». Une date paraissait, a-t-on dit, 1520, mais elle-ne s’accorde pas avec le style de la façade. Deux niches sur la Face Sud.
Le tout est dominé par un clocher, lourd d’aspect, mais qui s’harmonise avec l’ensemble des bâtiments. Sa couverture a été refaite en 1933/34. Dans celui-ci deux cloches, l’une baptisée Zoé, l’autre un peu plus grosse, a été baptisée en 1810.
4. L’église est composée d’une nef unique et de deux chapelles, formant une croix parfaitement orientée Est/Ouest. Apparemment, la restauration qui a donné sa forme actuelle à cette église a été entreprise au cours (de la grande époque pendant laquelle Charles VIII a entraîné en Italie les bandes d’écorcheurs afin d’en débarrasser la France. Au demeurant, l’architecture de cet édifice a subi maintes transformations qu’il est impossible de déchiffrer. Il n’est que de jeter un coup d’œil dans la cour étroite qui sépare l’église du château : l’on y découvre des restes de cintres ou d’ouvertures, des restes de colonnes, ou des sculptures qui laissent penser que la disposition des lieux a dû être transformée avec le temps.
5. La nef renaissance comprend quatre travées : la voûte prévue n’a jamais été exécutée et a été remplacée par une charpente en berceau. Elle-même, qui existe toujours, a été doublée par une voûte en pierre, entre 1883 et 1894. La cinquième travée correspond à une croisée de transept.
6. La première travée comprend un grand arc au Sud, qui communique avec la base du clocher, tandis qu’au Nord, une porte permet de joindre le clocher par le passage qui emprunte la façade, au-dessus du portail. La clé de voûte de la porte de l’escalier porte la date de 1614 entourée de croix et de losanges.
Les vitraux de façade, logés dans les baies géminées, représentent les quatre évangélistes, St Matthieu, St Marc, St Luc pour les journées du patrimoine et St Jean.
Sur le versant Nord de cette travée, un vitrail qui représente St Clément entouré des armes de St Pierre, la tiare et les clés. Dans des médaillons, au-dessus des têtes d’anges ailées
7. La deuxième travée est surmontée par une lettre qui parait être un B.
Sur son flanc Sud, se trouve un petit vitrail dans une baie plein cintre : sous une arcature, Ste Adélaïde. Sur son flanc Nord un vitrail dont les parties latérales représentent des têtes d’anges similaires à celles du vitrail précédent : cependant, à droite est représenté l’agneau pascal et à gauche un pélican. Au centre, sainte Marthe. Le remplage est garni d’un décor floral qui entoure une petite, fenêtre en plein cintre.
8. Sur le flanc Sud de la troisième travée, un St Augustin mitré. Le vitrail est signé H. Mathieu daté 1892. Il a été offert par un M. de Bogard. Au Nord, Ste Alice entourée des têtes d’anges déjà vues sur les vitraux précédents. .
9. La quatrième travée dont la clé de voûte porte les lettres L.B voit s’inscrire sur son flanc Sud, un St Germain sous une arcature. Ce vitrail encore est signé Mathieu et a été offert par M. de Bogard en 1892. Au Nord, Ste Louise entourée des même têtes d’anges. Par contre, le remplage, en forme de demi-rose à sept pétales est rempli de morceaux de vitraux du 16ème siècle qui proviennent sans doute d’un vitrail exécuté en novembre 1573, par Guillaume de Cornouaille. L’ensemble est constitué par trois bandes concentriques, bleue, blanche et jaune au-dessus desquelles sont placées les têtes. Sur un fut de colonne, une date, 1545.
10. Au bas de l’escalier, deux bénitiers de pierre blanche en forme de chapiteaux corinthiens, posés chacun sur des fûts de colonne cannelées. Leur origine est douteuse. Certains auteurs pensent qu’il s’agit de colonnes datant de la chapelle originale ; d’autres des restes d’un retable qui aurait disparu beaucoup plus récemment.
11. A gauche de l’entrée, les fonts baptismaux : un baptistère datant de 1610, sous le règne de Louis XIII. Il est de pierre blanche, orné de godrons encadrés, en haut de trois bracelets, le bracelet supérieur formé d’une rangée d’oves, les deux autres, de perles en bas, d’un bracelet de perles qui surplombent quatre griffes situées aux angles. Aux angles supérieurs et soutenant la pierre formant le haut de la cuve, quatre consoles Renaissance aux quatre angles.
12. Un mot du chemin de croix : il est en plâtre polychrome, probablement de la fin du XIXème.
13. La chapelle Sud comporte un retable avec des colonnes de pierre grises, façon marbre, disposé sur un autel de pierre en très mauvais état. Dans son mur Ouest, un vitrail représentant la Vierge couronnée portant l’enfant Jésus. Il est signé Mathieu et a été offert par M. de Bogard en 1991. Par ailleurs, une toile peinte représentant St Joseph, signée elle aussi Mathieu ; il pourrait s’agir de l’esquisse d’un vitrail.
14. Dans la chapelle Nord, un autel et un retable en bois. Un vitrail représentant St Jean Baptiste qui, d’après les comptes des frères Vessières, maîtres verriers de Seignelay ont été exécutés de 1870 à 1873, pour Mademoiselle Prudot, propriétaire à Diges et habitant Auxerre. Ce vitrail parait de meilleure facture que ceux faits par Mathieu.
15. La chair comportait des inscriptions en grec que l’on ne peut plus que deviner.
16. Le chœur, par ses piliers, ses dosserets à triples colonnettes, est presque du XIIIème siècle, mais il a été remanié. Les chapiteaux sont plutôt du XlVème ; ils sont surmontés d’un entablement du XVIIème siècle. L’abside est Renaissance. A droite de l’autel, une « piscine » doublement moulurée et comportant une double évacuation circulaire. A gauche de cette « piscine » une plaque funéraire au nom de Jean de la Loge, receveur des rentes à Diges et qui date de 1715. A droite, lui faisant pendant, un ex-voto en l’honneur de St Roch qui rappelle les ravages causés en 1760 par une maladie contagieuse, sorte de peste dont l’on retrouve mention dans les récits historiques concernant Auxerre et ses environs : le texte d’un « vœux solennel » y est gravé. Le maître autel est d’époque Renaissance. La pierre de l’autel ancienne est très belle : elle a été restaurée en 1980 : elle repose sur une maçonnerie un peu lourde. Le tabernacle, a été retiré de sa position traditionnelle à la suite du dernier Concile et sa porte de cuivre repoussé ferme une niche qui a été creusée dans le mur de l’église à gauche de l’autel. Cette porte représente la Cène ; elle est encastrée dans un entourage de marbre blanc. On peut la dater du XVIllème siècle.
Contre le mur du chevet de l’église, à gauche de l’autel, se trouve une statue de St Jean Baptiste, en pierre polychrome. Il tient un agneau couché dans les sept anneaux. Elle parait dater de la fin du XVème ou même du XVIème siècle.
Contre le même mur, mais à droite de l’autel, une statue de St Roch accompagné d’un jeune ange et d’un chien dont la tête a disparu. Elle est en pierre également.
En fait, ces statues ont été toutes deux recouvertes d’une peinture grise et St Jean Baptiste se trouvait sous le porche de l’église jusque très récemment. Il a été jugé préférable de l’installer à l’intérieur de l’église et les couleurs de cette dernière statue ont été « retrouvées » après un labeur de bénédictin par l’abbé Lefebvre, curé de Diges en 1979 ou 80.
Dans le mur Sud du chœur, la fenêtre est garnie de deux vitraux présentant deux scènes de la Genèse, Adam et Eve chassés du Paradis, Caïn et Abel en bas. Ces vitraux qui ne sont pas signés viennent de chez les Frères Vessières.
Ornant le mur du chevet, une large fenêtre comportant des vitraux, au centre, la Vierge et l’Enfant, à gauche, St Martin, patron de l’église, à droite St Maurice. Le remplage est composé d’une fenêtre en plein cintre présentant Dieu le Père et le Saint Esprit, entourée de motifs floraux. Il est probable que ces vitraux proviennent .de chez les frère Vessières : ils seraient donc du XIXème siècle, selon les termes d’une lettre du 6 août 1868 envoyée au Maire par Melle Prudot « bienfaitrice habituelle de la Fabrique de Diges ».
Quelques-uns des vitraux ont fait l’objet de travaux de travaux de restauration ces dernières années, travaux engagés par la Municipalité qui entreprend des travaux plus importants portant sur l’ensemble de l’édifice. (In fiche signalétique de l’église).
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