La puissance architecturale de ce maître-autel (autel, tabernacle et retable) en fait un des chefs d’œuvre des églises augeronnes. Sa verticalité est assurée par les deux colonnes qui aboutissent aux anges de l’étage de l’attique. L’ensemble repose sur l’horizontale de l’autel et du tabernacle. L’iconographie est liée à la Vierge, bien que l’église soit dédiée à saint Arnoul, que l’on retrouve, en statue, sur le côté gauche de l’ensemble.
En face, et au sud, les fidèles peuvent prier saint Ortaire.
L’ensemble correspond au schéma classique des maîtres-autels, créés après le concile de Trente ( 1545-1563) : partie centrale avec deux ailerons, un tabernacle (lieu de la présence réelle du Christ et meuble indépendant, parfois spectaculaire) et un couronnement, symbolisant le ciel et la Jérusalem céleste. Les décrets de ce concile, promulgués en 1581 par le concile provincial de Rouen, ne sont appliqués dans les diocèses de Lisieux et de Sées que presque un siècle après la fin du concile, vers 1650. Des personnalités, comme celle de Jean Eudes (1600-1680), accélèrent leur application dans toutes les églises de ces diocèses par des missions.
Jean Eudes en fut l’un des grands artisans. Il avait constaté, comme Dominique Georges (1652-1693) l’abbé du Val Richer l’avait fait de son côté, l’abandon spirituel et matériel dans lequel vivaient les campagnes et le clergé. Les missions eurent pour but de rallumer la foi et la ferveur catholique dans les paroisses. Elles pouvaient durer un mois et demi. Les matinées étaient consacrées à la prédication, les après-midis au catéchisme ou à des conférences. Cet enseignement oral était complété par l’enseignement par l’image, celle qui était au centre des retables des églises.
Leur iconographie est donc importante. A Fontaine-la-Louvet, elle est consacrée à la Vierge. Sur l’antependium, c’est la scène de l’Annonciation, datée 1817 et signée Fulcran de Croissanville. Au-dessus de l’autel et du tabernacle, c’est l’Assomption de la Vierge, inspirée de celle de Poussin. Enfin, au couronnement, dans une niche, une Vierge déhanchée selon les critères du XV siècle.
D’autres symboles religieux peuvent être observés dans les colonnes torses qui encadrent le tableau de l’Assomption : roses, symbole marial et vignes avec raisins, dont on fait le vin, allusion au sacrifice et à l’offrande du Christ. Ces symboles se retrouvent dans d’autres retables.
Le retable complet du maître-autel de Fontaine-la-Louvet et celui de Fierville, plus petit, mais plus riche encore dans sa décoration, permettent de comprendre que le concile de Trente avait réussi dans sa mission, même un siècle après, en entretenant la foi par la mise en place d’œuvres remarquables d’époque différente dans un cadre abouti, l’art baroque en Pays d’Auge. FD (In 100 trésors des églises du Pays d’Auge, Les Ed. de l’Assoc Le Pays d’Auge, 2017)