Grangues est située dans le département du Calvados en région Normandie.
Toponymie
Plusieurs hypothèses sont avancées selon les auteurs, on citera : Du britannique, du nom de famille GaraGoring, « pièce de « terre » suivi du suffixe suffixe germanique -ingas, « les gens du bout, du coin de la pièce de terre »
Du Danemark Gerrigue, vieux norrois geiri, « pièce de terre, probablement triangulaire »
La fontaine Saint-Roch
Initialement la fontaine d’eau de source coulait à mi-pente du grand escalier de l’église dans un petit oratoire mais aujourd’hui elle coule en contrebas, aménagé pour permettre aux voitures de se garer le long du bac et permettre de remplir sans encombre bouteilles et jerricans de cette eau miraculeuse. (L’eau de cette source aurait la propriété de guérir la coqueluche).
En 1871, la petite vérole noire se déclara dans la région. Le curé de Dozulé, l’abbé Durand, organisa un pèlerinage pour guérir la population. Six cents personnes partirent de Dozulé et furent rejointes par 900 autres pèlerins des communes avoisinantes sur le chemin de l’église de Grangues. La coutume est de laisser un objet témoin de la guérison. (In normandie-cabourg-paysdauge-tourisme)
Notre-Dame de Lourdes
En prière semble accueillir le passant et veiller sur la fontaine.
Devant l’église sur son promontoire, l’if centenaire étend son ombre protectrice sur les tombes de l’ancien cimetière. L’if témoigne de la croyance qui voulait que ces arbres absorbent les miasmes dégagées par la décomposition des cadavres.
La source primitive
Église Notre-Dame et Saint-Roch
De style roman et orientée vers l’ouest, l’église est constituée de pierre et de meulière. Deux lourds contreforts encadrent le mur oignon, asymétrique, qui supporte un clocher à peigne abritant deux cloches (dont une du XVIe siècle portant l’inscription : "p nostre dame d grangues + m.d xl i"). La façade présente une série de trous de boulins qui témoignent probablement d’une extension de l’édifice restée à l’état de projet.
Le portail roman et les modillons figurant des têtes humaines et des feuillages
Devant le cimetière, les trois croix récemment restaurée. Les deux premières proviennent de tombes abandonnées et la dernière, datant de 1877, est la croix du calvaire (en pierre de Caen).
Dans le cimetière une stèle inaugurée le 7 juin 1994, commémore la mémoire des cinquante-quatre soldats britanniques et canadiens de la 6th British Airborne Division qui périrent les 6 et 7 juin sur la commune de Grangues ; leurs noms sont gravés sur le cénotaphe, avec les insignes des différentes unités.
Au maître-autel, Assomption de la Vierge : huile sur toile, 1727
Le registre inférieur est l’exacte copie d’après gravure de l’œuvre exécutée par Laurent de La Hyre pour le couvent des Capucins, rue Saint-Honoré à Paris, en 1635, et actuellement conservée au musée du Louvre. La partie supérieure est simplement inspirée de cette œuvre.
Signature et date (dans l’angle inférieur droit de la toile) : La Haye Cagniard Pinx 1727 ; armoiries (dans la partie gauche de la toile) des Daniel, abaissées sous la croix de sinople de l’ordre de Saint-Lazare : écartelé, aux 1 et 4 d’argent à 4 fusées et deux demies de sable, couchées et accolées en pal ; aux deux et trois, d’argent au loup passant de sable, la tête et la queue contournées, armé, lampassé et vilainé de gueules, sur le tout une étoile de gueule chargée d’un croissant d’or ; un heaume en cimier, taré à dextre. Le blason est à la croisée de la croix de l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem et de Notre-Dame du Mont-Carmel (croix d’or, ici argent) à quatre branches anglées de fleurs de lys d’or et terminées par huit pointes boutonnées ; le centre de chaque branche porte une queue d’aronde, émaillée amarante sur l’avers (ici argent) et vert sur le revers, bordée d’émail blanc sur l’extérieur et environné du collier de l’Ordre (mailles en or représentant le chiffre de la Vierge, celui de saint Lazare et des palmes vertes en sautoir, 12 groupes de 5 grains de chapelets séparaient les mailles). (In https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy).
Un arc triomphal roman est surmonté de la poutre de gloire. La poutre de gloire polychrome datée du XVIIe siècle porte une croix avec le Christ, la Vierge et saint Jean.
Sur la poutre de Gloire : la Vierge, le Christ, saint Jean
Autel Saint-Roch
Statuettes de saint Roch offertes en ex-voto
La piscine de style gothique flamboyant dédiée à saint Roch. Deux piscines sont présentes dans l’église.
Le Christ et sainte Véronique : huile sur toile, XVIIe siècle
La sainte tient un tissu marqué du visage du Christ après qu’elle ait essuyé le visage de ce dernier.
Parfois, le voile de Véronique est présent sur le chapeau de notre bon saint Roch, comme à Magny en Vexin (Val d’Oise)
La géniale idée pour financer la restauration du tableau Le Christ et sainte Véronique. Une membre de "l’association pour la sauvegarde de l’église" fait passer dans le journal local une petite annonce du genre ’’Si vous vous appelez Véronique faites nous un don d’un euro pour financer la restauration de notre tableau".
L’annonce a fait florès et a dépassé les frontières régionales voire nationale et les petits ruisseaux faisant les grandes rivières les sommes récoltées ont permis de restauration du tableau… et même celui de saint Roch !
La Vierge à l’Enfant provient de la chapelle du château de Grangues, XVIIe siècle
Saint Jean Eudes : sculpture, XXe siècle et saint Évêque inconnu
Jean Eudes, saint normand, il a créé en 1643, à Caen, la Congrégation de Jésus et de Marie, dite des Eudistes. Il tient dans sa main gauche le Sacré-Cœur enflammé.
Vitrail Saint-Roch offert à l’église le 21 août 1910 pour un mariage
Saint Roch et son chien dans une forêt
Saint Roch guérit un pestiféré
Verrière saint Martin et Jeanne d’Arc : XXe siècle
Les fonts baptismaux, à droite, située sur le parcours de la source miraculeuse
Litre funéraire des Marquis Daniel de Grangues
Sous l’Ancien Régime, le droit de litre est un droit seigneurial dont le privilège est aboli dans la nuit du 4 août 1789, abolition confirmée le 13 avril 1791. Un décret de Louis XVI institue la suppression des litres et ceintures funèbres seigneuriales à l’intérieur et à l’extérieur des églises. Grangues conserve un témoignage de ce droit seigneurial.
En 1215, pour limiter l’emprise des laïcs sur les biens de l’église, le pape Innocent III, au quatrième concile du Latran, remplace le Dominium laicus, le droit de propriété de celui qui a fait construire l’église sur ses terres, par le droit de patronage. Le patron fondateur (le seigneur) devient le protecteur de l’église, chargé de présenter un candidat (vicaire ou curé) à l’évêque. En tant que patron, il a le droit de litre, pour lui, ses enfants et ses successeurs et le droit de présentation de leurs armoiries sur l’église. Cette coutume se développe à partir du XIVe siècle et caractérise ensuite les obsèques.
La litre se définit ainsi : « la litre (ou bordure) est une trace de peinture noire de la largeur d’un pied et demi ou deux au plus, peinte à l’entour et sur la surface du corps d’une église, tant en dedans qu’en dehors, sur laquelle litre sont peintes, de distance en distance, les armes du défunt avec tymbres, lambrequins, tenants et cimiers. ». La litre funéraire de l’église Notre-Dame de Grangues est une grande bande noire peinte sur la pierre à l’occasion des funérailles de Henry Jean Robert Daniel, patron et seigneur de Grangues et du Breuil, mort le 2 janvier 1733, et de Louise Marguerite Le Cloutier de Mézières, son épouse, mariée le 6 juin 1717 à Dives sur Mer, décédée en 1731, fille de Pierre Le Cloutier, écuyer, sieur de Boishérout (ou Boishibou) à Mézières (Rouvres).
La litre funéraire a été restaurée en 1889. Elle fait partie des rares litres funéraires encore apparentes, la plupart d’entre elles ayant été détruite ou masquée par de l’enduit à la Révolution. On en voit cependant encore des traces dans les églises de Tourgéville et du Breuil (Mézidon-Canon). À Auvillars, on les devine.
Lors de la restauration en 1889, les blasons ont été repeints sur des toiles marouflées, c’est-à-dire collées sur la peinture d’origine. La litre funéraire est abîmée et a disparu par endroits, mais on voit distinctement les blasons. FD(In 100 trésors des églises du Pays d’Auge, Les Ed. de l’Assoc Le Pays d’Auge, 2017)
Le mur extérieur de l’église témoigne de l’histoire. Utilisé pour communiquer entre eux par les royalistes durant la Révolution puis par les Résistants pendant la dernière guerre.
Les faits de résistances sont nombreux et organisés. À Granges, Léon Tardy, résistant de la première heure fabrique de faux papiers aux réfractaires du STO (Service du travail Obligatoire allemand) que le comte de Noblet, maire de Granges, authentifie immédiatement.
Les saints Roch de Grangues en l’église Notre-Dame
Dénomination de l’objet : Statue
Titre courant : Statue : Saint Roch
Localisation : Normandie ; Calvados (14) ; Grangues
Nom de l’édifice : Église paroissiale Notre-Dame (Assomption de la Vierge)
Catégorie technique : Sculpture (…)