Histoire d’une bastide médiévale
Le village est situé sur la « Clermontoise », ancienne voie romaine secondaire partant de Clermont-Dessus (47) et passant par les villages alentours de Perville, Saint- Nazaire de Valentane, Miramont de Quercy, Lauzerte et Montcuq (46) via Cahors, reliant ainsi Bordeaux (Burdigala) pour finir à Clermont-Ferrand (Augustonemetum).
Selon certains historiens, cette voie n’était pas tracée selon les normes des constructions romaines. La Clermontoise serait d’origine celtique et bien antérieure à l’avènement de l’empire romain.
Lors de fouilles et de travaux d’aménagements urbains, divers objets ont été découverts, notamment, en 1862 dans une tombe wisigothe : une paire de fibules et une boucle de ceinture, attestant de son occupation au Ve-VIe siècles par les Wisigoths. Ces ornementations sont exposées au musée national du Moyen Âge des Thermes de Cluny à Paris. Au fil du temps, d’autres éléments ont été mis au jour tels que des blocs de pierre et morceaux de mosaïques attestant de l’occupation romaine, un buste de femme en marbre blanc ainsi qu’une hachette en silex, un fer de lance et une médaille ayant appartenus aux Templiers.
De la période celtique à celle du Moyen Âge, en passant par la conquête de l’Empire Romain, le peuple gaulois Nitiobriges auquel appartenait le village, avec Aginnensis (Agen) pour capitale, a vu passer bien des envahisseurs (Vandales, Wisigoths, Sarrasins), subissant les affres de la guerre de Cent Ans ainsi que celles de la Réforme et guerres de religion, de la révolution de 1789, des Première et Seconde Guerres mondiales. Mais c’est essentiellement à partir du XlIIe siècle que les écrits témoignent de son évolution. En 1270, Alphonse De Poitiers, le frère du roi Saint-Louis, devint le propriétaire de la ville. Il en fit une bastide prospère à laquelle il octroya une charte connue sous le nom de « Charte des libertés et coutumes de Castelsagrat » qui permit d’alléger le régime féodal et de garantir une forme d’autogestion.
Le texte en latin de cette charte est conservé aux Archives Nationales. La Mairie du village en possède une traduction remarquablement retranscrite
Cette charte présentait la particularité de mentionner un « droit d’interprétation » qui autorisait le Seigneur, Comte de Toulouse et ses successeurs, à se rétracter en annulant tous les privilèges accordés par cette même charte !
Elle témoigne entre autres, des préoccupations des habitants et de la vitalité économique de Castelsagrat. Ainsi, « La foire a lieu quatre jours avant et quatre jours après la fête de sainte Cécile » , soit une semaine entière autour du 22 novembre ! De façon plus anecdotique, malheur à celles et ceux qui aiguisaient leurs épées, brandissant une tuile tuile menaçante ou étaient surpris en flagrant délit d’adultère. Le village, avec ses éléments architecturaux caractéristiques est donc bien une bastide construite en hauteur, constituée par : un plan quadrillé, une église excentrée dans l’angle Est, une place centrale carrée dont les angles indiquent les quatre points cardinaux et encadrée par des cornières du XIIIe-XIVe siècles qui supportent les planchers du premier étage. Le puits principal trônant sur la place date de la période Romaine et aurait été bâti par les troupes de Jules César. En 1622, Castelsagrat appartenant aux Calvinistes et suite à la révocation de l’Édit de Nantes, les murailles de la ville furent détruites sur ordre de Richelieu.
Outre les nombreuses arcades, la mémoire des pierres est inscrite dans les maisons à pans de bois de la rue Notre Dame, dans les 4 culots sculptés au-dessus de la porte du salon de coiffure, dans les fenêtres géminées de la rue Alphonse de Poitiers et dans la rue de l’École, dans l’ancien relais de poste et l’échauguette de la rue du même nom, dans le portail de l’église, dans l’actuelle boulangerie dite Tour des Templiers qui abritait l’ancien temple protestant, …. Pour plus de détails, une remarquable visite virtuelle guidée interactive et détaillée du village est proposée sur le site http://franck-alary.squarespace.com/visite-virtuelle-guide-de-castelsagrat/
Aux environs de Castelsagrat, Il reste à découvrir les lavoirs de Lafongrande et de Lafondelanls, l’ancien tunnel ferroviaire de 200 mètres du Couaillou, les chapelles aux champs de Buzenou et de Saint-Michel d’Ursault, les nombreux pigeonniers si représentatifs de la région de Sud-Ouest et bien d’autres petits trésors cachés.
Quelques illustres personnages ont marqué Castelsagrat de leur empreinte :
. Jean-Baptiste bossier - dit Le Brun (1676-1745) : a participé en 1718 à l’expédition de l’explorateur De la Harpe et dont le fils fut le fondateur de la ville de Bossiet sur le fleuve Mississipi aux U.S.A.
. Numa boudet (1827-1897) : philosophe et poète, méconnu du grand public et reconnu par ses pairs qui le comparaient à Lamartine et Victor Hugo.
. Eiie diu (1864-1951) : coiffeur et photographe-éditeur, c’est grâce à lui que nous devons d’avoir ces nombreuses cartes postales de Castelsagrat, témoignage inestimables de notre histoire.
. Louis dupiech, (1900-1945) : préfet et résistant notoire, il sera déporté politique en Allemagne et décédera à Lübeck le 3 mai 1945.
. Charles calbet : surnommé "Le Connétable" pour son fair-play légendaire il fut champion de France de rugby en 1945. Le Centre de formation des jeunes rugbymen d’Agen porte son nom.
La commune possède une économie à vocation essentiellement agricole. Si, en 1841, sa population s’élevait à 1.350 habitants, elle était de 573 habitants au dernier recensement de 2015. En baisse quasi constante jusqu’en 1990, elle suit désormais une tendance à la hausse induite par le retour vers les campagnes de citadins néo-ruraux, de retraités originaires de la commune et de ressortissants étrangers (Royaume Uni, Pays-Bas, Belgique, …) attirés par le charme et la douceur de vivre de ce petit coin d’Occitanie.
Le village aujourd’hui : consulter le site -> http://www.castelsagrat.fr/fr/accueil.html. (In fiche signalétique de l’église)
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