Saint-Hilaire est située dans le département de l’Aude en région Occitanie.
Toponymie
Le nom Saint-Hilaire fait référence à saint Hilaire, évêque de Carcassonne et non à Saint-Hilaire de Poitiers, un évêque et théologien du IVe siècle, reconnu comme docteur de l’Église.
La particule d’Aude a été ajoutée pour distinguer cette commune des autres localités portant le même nom de « Saint-Hilaire ».
Abbaye de Saint-Hilaire
L’abbaye de Saint-Hilaire est l’une de ces abbayes fondées aux VIIIe-IXe siècles, protégée par les rois carolingiens, véritables piliers du pouvoir. Elle reçoit autour de 814-828 un diplôme de privilège de Louis le Pieux, le successeur de Charlemagne. C’est la première attestation de son existence.
Elle s’appelle alors abbaye de Saint-Sernin.
Chronologie ►VIe siècle : Saint Hilaire, premier évêque de Carcassonne, est enterré dans son oratoire. À la même époque en Italie, un moine appelé saint Benoît de Nursie rédige une règle qu’il appliquera à l’abbaye du Mont Cassin. ►Fin du VIIIe siècle : Une communauté de moines bénédictins s’installe sur le site et y implante une abbaye dédiée à saint Sernin. Charlemagne favorise l’expansion des abbayes bénédictines sur le territoire actuel audois afin de contrer les incursions sarrasines. ►Xe siècle : En 978, translation des reliques de saint Hilaire en présence du comte de Carcassonne Roger Ier.
Le puissant abbé Garin, qui réunit sous son autorité cinq abbayes (dont St-Michel de Cuxa, dans les Pyrénées Orientales) dirige l’abbaye jusqu’à son décès, en 997. Roger Ier est inhumé sur le site en 1012. ►Xe-XIIe siècle : Grâce à la protection des Comtes de Carcassonne, dont elle devient l’un des sanctuaires de dévotion, l’abbaye s’enrichit. ►XIIIe siècle : Graves difficultés liées à la Croisade Albigeoise, les moines sont accusés d’encourager l’hérésie.
En 1226, annexion du Comté de Carcassonne qui passe sous la domination de la Couronne de France. Perte de l’appui des Comtes. Conflits avec les dominicaines de Prouilhe menant jusqu’au procès, perte de biens. ►XIVe siècle : Construction du cloître actuel puis des remparts en période d’insécurité et de peste noire. ►XVIe siècle : En 1531, les moines découvrent dans leur cave la « Blanquette », premier vin pétillant au monde.
En 1534, l’abbaye est officiellement placée sous commende. ►XVIIe siècle : Entre 1639 et 1664, l’abbé Martin de Lucas tente en vain d’unir l’abbaye à la congrégation de Saint-Maur. Du fait de problèmes financiers persistants, l’abbaye décline progressivement. ►XVIIe siècle : En 1748, départ des six derniers moines de l’abbaye. Fin définitive de la vie monastique à Saint-Hilaire.
En 1758, l’abbatiale devient l’église paroissiale. Autour de 1791, les bâtiments sont vendus en parcelles distinctes. ►XIXe-XXe siècle : En 1840, l’église est classée au titre des Monuments Historiques. En 1846, suivra le classement du cloître, puis celui du plafond peint en 1914.
En 2001, la Commune de Saint-Hilaire installe un accueil touristique ouvert à l’année. L’abbaye devient un site pôle du Pays Cathare. (In fiche signalétique de l’église)
L’église
L’église est par excellence le centre de a vie religieuse monastique, et de ce faut le premier édifice bâti lors de la construction de l’abbaye. Elle date du XIIe siècle pour l’abside et du XIIIe siècle pour la nef inachevée ; elle devient église paroissiale en 1758.
Elle possède un plan simple, celui d’une croix latine, le chœur orienté vers vers l’est. Ce bâtiment en grès se caractérise par ses chapiteaux ornés de feuilles d’acanthe, ou de personnages inspirés de la mythologie, qui supportent des arcades croisées d’ogives. Le mobilier constitué de marbre rouge provient de Caunes-Minervois (Aude).
Les moines s’y rendaient huit fois par jour, conformément à la Règle. De nos jours se devinent encore l’accès originel (en extérieur), couronné de son tympan peint du XVe siècle, et l’emplacement du bénitier. (In fiche signalétique de l’église)
Chaire à prêcher : Bois : taillé du XVIe siècle
Six panneaux sculptés se répartissent sur la rampe de l’escalier et sur la cuve de la chaire. Ils représentent un évêque (saint Hilaire), un abbé (saint Benoît) et les quatre évangélistes (Mathieu, Luc, Jean, Marc). Le dossier est un simple panneau mouluré. L’abat-voix est surmonté de rinceaux dont les extrémités sont réunies en plateforme pour un ange ou une croix.
Statue reliquaire de Saint-Hilaire du XVIIe siècle
Au niveau de la poitrine, on peut voir un reliquaire qui abrita jadis une étoffe ayant appartenu au saint.
Roger Ier, comte de Carcassonne, est en plein désarroi. Sur les rives du Lauquet, la bataille contre Oliba Cabreta, comte de Cerdagne, est mal engagée. Ses soldats tombent les uns après tes autres. Il implore alors saint Hilaire, le 1er évêque de Carcassonne, dont il sait qu’il repose non loin, dans l’abbaye Saint-Sernin. Le saint apparaît et "c’est alors que le miracle se produisit : Saint Hilaire, vêtu d’une robe éclatante, apparut à la tête d’une armée qui repoussa et extermina les troupes d’Oliba" et permet à Roger de remporter la victoire. (In fiche signalétique de l’église)
La translation des reliques de saint Hilaire est pour Roger Ier, comte du Carcassès et du Razès, une occasion d’affirmer sa puissance. Il vient de remporter d’importantes victoires… Protéger ce sanctuaire c’est se comporter en comte influent, associer son prestige à celui des saints. L’abbaye est à son apogée. (In fiche signalétique de l’église)
Le sarcophage de Saint-Saturnin
Le sarcophage dédié à saint Sernin est une œuvre de marbre blanc des Pyrénées réalisée par le Maître de Cabestany au XIIe siècle. Il ne s’agit pas réellement d’un sarcophage mais plutôt d’un reliquaire : la cuve est trop étroite de l’intérieur et sa face arrière n’est pas sculptée. On pense même qu’à l’origine cette pièce devait se trouver dans le chœur de l’église, utilisée en tant que maître-autel.
Le bas-relief retrace l’histoire de saint Sernin (ou Saturnin), premier évêque de Toulouse vers 250. Plus précisément, de droite à gauche, sont décrits sa mission d’évangéliste, son arrestation, puis son martyre et son ensevelissement.
Latéral gauche : l’Ensevelisement
Des femmes préparent le corps étendu du saint. Son âme, ici représentée par un enfant, s’en échappe et est accueillie par un ange le conduisant au Paradis.
À gauche, son tombeau est encensé par des anges et béni de la main de Dieu.
En bas, des femmes viennent en pèlerinage auprès du saint. Face principale
Saint Sernin est arrêté dans Toulouse par les soldats romains. À noter, l’affrontement du bien et du mal caractérisé par les différences physiques et vestimentaires entre Sernin et les soldats, et par les animaux monstrueux placés entre les jambes des soldats romains. Des curieuses apparaissent aux fenêtres des édifices tandis qu’un acrobate sur sa corde s’intéresse à la scène, interrompant son numéro. À gauche le martyre
Le saint est attaché par les pieds à la patte arrière d’un taureau, aiguillonné par un bourreau et excité par deux chiens. Il bénit au passage deux femmes qui assistent impuissantes au martyre, les saintes Puelles. Latéral droit : l’Evangélisation
Saint Sernin entouré de ses disciples saint Papoul et saint Honest, à qui il tend la crosse : ils partent évangéliser les régions païennes, le livre des Évangiles en main. (In fiche signalétique de l’église)
Reproduction du tympan de Cabestany, l’original se trouve à Cabestany , près de Perpignan. C’est la première sculpture attribuée au scupteur itinérant anonyme, ainsi qu’il fut nommé "Maître de Cabestany".
Scène de la vie de saint Hilaire : Huile sur toile
Peintre Jacques Gamelin, XVIIIe siècle
Notre-Dame du Rosaire : Huile sur toile
d’après, peintre François Lemoyne
Œuvre anciennement datée de la fin du 17e siècle ou du début du 18e siècle. Annonciation d’après François Lemoyne (tableau à Winchester College, Hampshire).
L’Annonciation : huile sur toile
d’après, peintre François Lemoyne
Le cloître
Construit au XIVe siècle, sans doute sur le cloître roman, ce cloître est typique du gothique languedocien. Ses galeries aux colonnes doubles en grès ponctuées de piliers en pierre monolithe, s’ornent de chapiteaux pour la plupart à motif végétal. Quelques-uns cependant racontent des histoires…
Ce cloître du XIVe siècle, obéit à un modèle idéal : celui de l’abbaye de Saint-Gall, en Suisse. L’église abbatiale jouxte la galerie Nord. La galerie Ouest, reçoit les bâtiments de travail manuel. Au Sud, le réfectoire des moines et des hôtes. A l’Est, la salle capitulaire…
Construit, sans doute sur le cloître roman, ce cloître est typique du gothique languedocien. Ses galeries aux colonnes doubles en grès ponctuées de piliers en pierre monolithe, s’ornent de chapiteaux pour la plupart à motif végétal. Quelques-uns cependant racontent des histoires…
Le 4 est le chiffre de la perfection terrestre : mais le cloître n’est pas un carré parfait, il est trapézoïdal : 16 arcatures du côté Sud, 14 au Nord, puis 12 à l’Est et à l’Ouest. Cela pour s’adapter au rocher sur lequel l’abbaye est construite. (In fiche signalétique de l’église)