[…] Le culte de Saint-Roch est, de nos jours, toujours lié à ses vertus thaumaturges. Il est le protecteur des animaux et des végétaux, il est l’intercesseur le plus aimé du monde paysan.
Au début du XIXe siècle, les ouvriers, artisans et agriculteurs de la ville de Trèbes lui ont consacré une alcôve au sein de l’église Saint-Étienne.
Placés sous la protection du Saint, les outils de travail de ceux qui ont œuvré pour l’émergence de notre centre ancien ont été placés en offrande autour de sa statue.
Leur travail à traversé les siècles. Ces maisons blotties amoureusement aux pieds de notre église sont les derniers témoins du travail accompli. Elles sont les mémoires spirituelle et artistique de ces hommes et de ces femmes qui nous les ont léguées en héritage. Héritage fragile et vulnérable qu’il faut protéger, il est notre bien culturel, il est l’âme de notre village.
N’oublions pas ces hommes et ces femmes. Conserver et protéger ces lieux est un travail de mémoire c’est les respecter et continuer à les honorer. (In fiche signalétique de l’église)

Les corbeaux peints : Ses corbeaux sont des supports de bois enfoncés dans les arcs diaphragmes de la nef, destinés à supporter les poutres de la charpente. Ils sont au nombre de 350
Presque tous sont peints. Cet ensemble de peintures exceptionnel par sa qualité artistique, par son volume et par son excellent état de conservation, est l’un des plus importants du Sud de la France.

On distingue ainsi :
. des moines, avec leur tonsure, la robe de bure et la capuche.
. des religieuses, trois au moins, plus difficiles à différencier des autres femmes.
. des chevaliers revêtus de la cotte de maille.
. des évêques ou abbés de monastères reconnaissables à la mitre.
. des personnages couronnés Rois et Princes.
. le Christ avec son nimbe crucifère.
. un Juif avec la Kippa, figure énigmatique dans une église.
. une Africaine, probablement une esclave comme il en existait dans la société médiévale.
. des hommes portant la coiffure à rouleaux dite « à la mode de saint Louis ».
. beaucoup de femmes coiffées de la gape, du chaperon. de la touaille, de la gimpe, du touret.
. des visages facétieux tirent la langue ou grimacent, un autre a des oreilles d’âne, une femme vue de profil a le nez crochu des sorcières.

Le style
L’analyse stylistique fait apparaître que ces peintures furent produites entre le début et la moitié du XIVe siècle, époque de la construction de l’église. On peut reconnaître deux ateliers bien différents.
. Le premier a travaillé sur les quatre premières travées de la nef, vers l’Est ; c’est le plus ancien. Il est dominé par un véritable artiste « Le Maître de Trèbes ». Il possède une grande science dans l’art du drapé des vêtements qu’il traite avec sobriété et réalisme. II sait donner du volume aux visages par une utilisation judicieuse de la couleur. Certaines figures atteignent presque à l’art du portait, bien quelles soient encore marquées par un hiératisme roman.
. Un de ses disciples a travaillé avec et, surtout, après lui. Sa peinture possède quelques-unes des caractéristiques du Maître mais il a aussi une technique assez personnelle. Les traits de ses personnages sont empreints d’une certaine mélancolie. Ce second artiste est plus gothique que son maître.
Les trois travées suivantes, vers l’ouest, ont été décorées par un atelier très différent et, pour tout dire, moins inspiré. II a œuvré vers le milieu du XIVe siècle.