Bonneval est située dans le département de la Haute-Loire, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Toponymie
Du latin bona vallis ou variante bonae vallis signifiant littéralement « bonne vallée ».
Ce nom est typique des fondations monastiques : « vallée consacrée à Dieu ».
Attestée sous les formes Ecclesia de Bonaval en 1177, Parochia de Bonaval en 1348, Bonneval en 1401, Prioratus sanctæ Eugeniæ Bonævallis au XVIe siècle, Le prieuré régulier de saint Eugénye de Bonneval en 1621.
Église Sainte-Eugénie
Sainte Eugénie, la légendaire sainte travestie de Rome.
Sur un chapiteau de la basilique de Vézelay, du bas-côté nord, on voit un homme qui montre ses seins. Il s’agit de la représentation sculptée d’une scène rappelant l’histoire de sainte Eugénie. Une vierge qui a subit le martyre à Rome en 257 du temps de l’empereur Valérien. Sa légende a été consignée dans des textes rédigés en latin ou en grec aux VIe et VIIe siècles. Fille du protoconsul d’Égypte, Eugénie décida de rejoindre une troupe de moines musiciens. Pour pouvoir partager leur vie elle se fit couper les cheveux revêtit des habits d’homme et prit le nom d’Eugène.
Elle devint très populaire au sein de son monastère notamment pour ses dons de guérisseuse. Un jour Mélanthia une femme qu’Eugénie avait guérie voulu lui offrir ses charmes parce qu’elle croyait qu’Eugénie était un homme. Humiliée par son refus, Mélanthia l’accusa alors de l’avoir violée. Lors du procès qui s’en suivit Eugénie révéla la vérité en déchirant sa tunique pour montrer à la foule un sein qui n’avait rien de masculin. C’est cette scène du procès qui est représenté sur le chapiteau de Vézelay. À la gauche d’Eugénie se trouve le juge et à sa droite la femme qui l’accuse. Eugénie fut acquittée.
Étant donné qu’aujourd’hui la binarité des genres masculin-féminin semble intrinsèque au christianisme il peut paraître surprenant qu’un tel changement d’identité ait été possible au Moyen Âge, pourtant depuis la fin de l’Antiquité chrétienne les exemples, romancés ou réels de personnes assignées femmes ayant volontairement ou non pris l’habit et l’identité d’homme1, parfois durant leur vie entière n’était pas rare. Des femmes réputées viriles parfois appelées viragières - virago2 au singulier - (Mathilde de Toscane3, au XIIe siècle, dirigeait des armées).
Au delà d’Eugénie plus d’une trentaine de saintes ont été célébrées par l’Église alors qu’elles avaient porté un habit masculin. D’un point de vue sociologique on peut penser que c’est le croisement entre cette tradition de virilité féminité et l’idée d’une féminisation des moines qui a permis l’émergence de la figure transgenre sculptée à Vézelay.
Néanmoins il ne faut exagérer l’importance du phénomène, au Moyen Âge le fait de porter les habits et l’autre genre était puni par la loi et la transidentité, bien qu’elle puisse se référer à un idéal de vie remontant au paléochristianisme4 ne pouvait être vécue que de manière exceptionnelle illicite5 ou cachée. (Le cours de l’histoire, Xavier Mauduit, France Culture) 1- Plus d’une trentaine de saintes ont été célébrées par l’Église alors qu’elles avaient porté un habit masculin.
2- Attesté au XIVe siècle dans Le Livre de Leesce, de Jehan Le Fèvre : long poème didactique qui prend la défense des femmes. Au XVII siècle il est de connotations négatives et au XIXe siècle il est devenu franchement péjoratif.
3- Pendant la querelle des Investitures, Mathilde soutient très fermement le parti du pape (les guelfes). Le 25 janvier 1077, c’est dans la cour de son château de Canossa que l’empereur Henri IV (empereur du Saint-Empire de 1084 à 1105. Il appartient à la dynastie des Saliens) « fit amende honorable » lors d’une rencontre avec le pape Grégoire VII : c’est l’origine de l’expression « Aller à Canossa ».
4- Christianisme des premiers chrétiens, antérieur au IVe s., minoritaire dans l’Empire romain, qui le considérait comme une religion illicite.
5- Jeanne d’Arc fut brûlée comme sorcière, notamment parce qu’elle avait endossée la tenue militaire réservée aux hommes.