La commune est située entre la plaine de Caen et la campagne de Falaise à l’ouest et le pays d’Auge à l’est. Saint-Pierre-sur-Dives est arrosée comme son nom l’indique par la Dives.
En 1700, le seigneur est François Philippe l’Hermite († juin 1714), seigneur d’Hiéville, Sainte-Barbe-en-Auge, et Montchaupet de Mélie.
Abbaye bénédictine de Saint Pierre sur Dives
Origines
Au hameau de L’Epinay, premier nom du village, existait déjà une église sous le patronage de saint-Pierre, pillée par les Vikings.
L’abbaye est fondée par la comtesse Lesceline, femme de Guillaume, comte d’Eu, frère du duc de Normandie Richard II. Elle y installe des religieuses bénédictines puis les transfère à Saint-Désir, près de Lisieux en 1046, et installe des moines bénédictins sous la direction d’Ainard, le premier abbé. Lesceline meurt à l’abbaye en 1058. Sa dépouille est enterrée dans l’église abbatiale ; elle s’y trouve toujours.
La première église est consacrée le 1er mai 1067 en présence du nouveau roi d’Angleterre, Guillaume, duc de Normandie, neveu de la comtesse qui avait placé son établissement sous sa haute protection. Elle est brûlée en 1106. Elle est reconstruite, puis quasiment achevée sous l’abbatiat de l’abbé Haimon à la fin de la première moitié du 12ème siècle.
De l’édifice originel d’Haimon, il ne reste que la tour Saint-Michel.
Des travaux sont réalisés au cours du 13ème siècle car l’abbaye se développe. Les religieux font bâtir une halle à Saint-Pierre-sur-Dives afin d’y établir des foires et des marchés.
Au 16ème siècle, l’église, en très mauvais état, est complètement reconstruite par l’abbé Jacques de Silly.
Les bâtiments conventuels ainsi que le carré du cloître sont reconstruits dans le style classique, à partir de 1667. Les travaux s’étaleront jusqu’au 18ème siècle.
Au 18ème siècle, le cloître est à nouveau partiellement démoli.
A la Révolution, la mise en vente provoque le morcellement des bâtiments conventuels et leur transformation en appartements.
En 1987 s’est ouvert, dans les bâtiments conventuels, le musée des techniques fromagères, comprenant une bibliothèque et un centre de documentation, des salles d’expositions temporaires, des salles de conférences et de projections. La salle capitulaire, restaurée, abrite des expositions.
Eglise Abbatiale Notre Dame (11ème et 13ème siècles)
L’église abbatiale
La tour sud (à droite) ou tour Saint Michel est romane. C’était l’ancien colombier des moines. Son dernier étage et la flèche ont été refaits entre 1745 et 1751 sur le modèle primitif. Remarquez l’étagement des arcatures aveugles.
La tour nord (à gauche) construite au cours du XIVème siècle est, malgré son décor flamboyant d’un aspect plus trapu. Sa partie haute est éclairée par deux baies très allongées et subdivisées en lancettes.
La partie centrale, contemporaine du clocher nord est caractérisée par la grande baie flamboyante du second niveau. L’ensemble est accompagné d’un décor de feuillage.
La tour lanterne confirme l’élan de l’ensemble. Elle éclaire l’intérieur de l’église à la croisée du vaisseau et du transept.
En se déplaçant sur le côté nord de l’église, on remarque une belle porte romane.
L’ensemble des bâtiments est construit avec la pierre locale de la carrière du Rocreux. (In fiche signalétique de l’église)
La flèche, recouverte de tuiles, est du 13ème.
Tour Saint Michel et Cloître. (Sud)
Église abbatiale Notre-Dame à élévation à trois étages voûtée fin 15ème.
Des vitraux modernes relatent l’histoire de Saint-Pierre-sur-Dives.
Dans l’abside à cinq pans rayonnent cinq chapelles dont une avec retable du 18ème siècle avec statue de saint Roch en terre cuite.
La Méridienne
La Méridienne
Le visiteur peut découvrir dans cette église un curieux calendrier zodiacal.
Une ligne oblique, appelée Méridienne, est gravée dans le pavage, selon un axe Nord-Sud.
Elle part du bas-côté sud et rejoint le bas-côté nord au niveau de l’escalier donnant accès aux orgues.
Un orifice, appelé Gnomon, aménagé dans une verrière du bas-côté sud laisse passer les rayons solaires sous la forme d’un spot indiquant, à midi, sur la Méridienne, les différentes périodes de l’année.
Ainsi, au solstice d’été, le 21 juin, le soleil se trouvant à son élévation maxima indique au midi solaire le signe du Cancer, signe placé le plus proche du Gnomon.
Inversement, au solstice d’hiver, le 21 décembre, le soleil indique au midi solaire le signe du Capricorne, à l’autre extrémité de la Méridienne.
Tout au long de l’année chaque signe du Zodiaque est ainsi éclairé tour à tour du midi solaire et indique la période de l’année.
Cette Méridienne a été tracée en 1776 par le curé de Fresnay (aujourd’hui Notre-Dame de Fresnay), paroisse voisine de Saint-Pierre sur Dives.
Cette Méridienne ne correspond pas au méridien de Greenwich, comme on le dit parfois, même si ce méridien n’est pas situé bien loin d’ici. (In fiche signalétique de l’église)
Les signes du zodiaque au sol
Gémeaux - Cancer
Taureau - Lion
Bélier - Vierge
Poisson - Balance
Verseau - Scorpion
Capricorne - Sagittaire
Le Pavement
Le carrelage
Une innovation technique Médiévale
Les carreaux médiévaux sont peu différents des tomettes actuelles. On les disposait bord à bord sans joints, de façon à obtenir la répétition de motifs géométriques ou végétaux et de figures symboliques tirées du blason ou des bestiaires fantastiques.
Le décor était réalisé selon la technique de l’estampage. Une matrice en bois, sur laquelle on avait sculpté le motif au préalable, était pressée sur un pain d’argile meuble déposé dans un moule aux dimensions du carreau. L’impression en creux ainsi obtenue, était ensuite remplie d’une terre délayée de couleur blanche sur fond rouge ou l’inverse.
A la cuisson, une glaçure à base d’oxyde de plomb donnait le brillant et une couleur jaune d’or à la terre blanche, tandis que le rouge prenait une teinte orangée.
Plusieurs milliers de carreaux étaient enfournés en même temps dans de grands fours à briques ou à tuiles. La cuisson pouvait durer une semaine et autant pour le refroidissement. La production était probablement mise en œuvre par des artisans spécialisés qui se déplaçaient à la demande. A la fin de l’Ancien Régime, l’abbaye possédait sa propre tuilerie à quelques kilomètres du bourg. On peut penser qu’il en était de même au Moyen Age et que les carreaux ont été fabriqués sur place. Le carrelage médiéval " Le magnifique pavement en briques entaillée qui occupe le sanctuaire est peut-être ce que l’église de Saint-Pierre offre à présent de plus intéressant. « (Arcisse de Caumont, 1801-1873)
Au Moyen Age, le sol des grands édifices est souvent rehaussé de carreaux de terre cuite décorés de figures ou de motifs géométriques. Cette vogue architecturale atteint son plein essor au temps de Saint Louis et participe au raffinement de l’ornementation gothique.
L’engouement du XIXe siècle pour l’art des cathédrales a contribué à faire connaître le carrelage de Saint-Pierre-Sur-Dives. La rareté de ce type d’ouvrage, sa qualité, lui valent son classement dès 1861 ; mais la fréquentation de l’église accélère le processus de dégradation. Vers 1920, il est devenu inévitable de déposer le carrelage pour assurer sa conservation.
Cette longue mise en sommeil s’achève en 2011. Après restauration, les carreaux conservés ont pu réintégrer leur cadre d’origine. La composition a été restituée dans l’esprit d’origine à l’aide de documents d’archives. Cette évocation constitue aujourd’hui l’un des meilleurs témoins d’un art médiéval peu connu, lointain parent des mosaïques de l’Antiquité.
La restitution du carrelage a été réalisée en 2011 grâce à des documents d’archives conservés par les services des Monuments Historiques. L’assemblage des carreaux subsistants a été complété à l’aide de carreaux modernes.
Les carreaux remplissent les compartiments délimités par un réseau de dalles en pierre de Caen. Cette ossature est formée par deux larges plates-bandes se coupant à angle droit. A l’origine chacun des quatre quartiers est recoupé par un croisillon à la manière d’une » croix de Jérusalem"". Au centre, une grande rosace d’environ 3 m de diamètre a fait autrefois la renommée du carrelage. Cet élément emblématique est composé de 8 cercles de carreaux alternant motifs héraldiques et végétaux. Le cloisonnement de la rosace par la grande croix de pierre a fait douter autrefois de l’authenticité de la composition. Les fouilles ont permis d’invalider cette opinion en prouvant que cette organisation du sol était en place dès le XIIIe siècle
L’opération de fouilles effectuée en 1997 dans le chœur a permis de mettre au jour une vingtaine de sépultures inconnues jusqu’alors. La présence de poteries utilisées comme encensoirs ainsi que les datations par le « carbone 14 », placent l’ensemble funéraire sensiblement à l’époque de fabrication des carreaux, soit la charnière XIII-XIVe siècles. La répartition des tombes est clairement en relation avec la structure du carrelage. Elle semble révéler une chronologie des inhumations qui prend naissance avec la tombe centrale (T 12). Celle-ci, sans doute le sépulcre d’un personnage particulièrement estimé, existait peut-être avant l’installation du carrelage. Les tombes adventices ont ensuite pris place au détriment du carrelage. Certaines anomalies dans l’ordonnance des motifs s’expliquent par le remplacement des carreaux brisés par les fossoyeurs. D’autres réparations, dont on ignore la date, ont fait suite au tassement spontané du remplissage des tombes.
L’examen des carreaux soulève d’autres problèmes. Dans la rosace, les carreaux proches du centre, en forme de « claveaux » ont bien été conçus pour former des cercles concentriques. Il n’en est pas de même pour les cercles extérieurs. Les carreaux utilisés, de forme carrée ou rectangulaire, ont dû être retaillés grossièrement pour pourvoir s’adapter au tracé circulaire.
A la lumière de ces observations, il s’avère que la grande rosace célébrée par les auteurs est un artifice formé d’éléments disparates. À partir des carreaux provenant probablement du démontage d’une petite rosace on a complété le remplissage des quatre compartiments centraux à l’aide d’éléments de récupération. On comprend alors les défauts d’un assemblage où les éléments ne sont pas jointifs et les rattrapages réalisés à l’aide de morceaux de carreaux redécoupés. On ignore à quelle date fut fait ce réaménagement. Peut-être est-il contemporain des premières inhumations. Le fait qu’une tombe se trouve exactement à l’aplomb de la rosace, n’est sans doute par fortuit Dans ce sens, il est possible que le carrelage ait eu un rôle commémoratif.
Toutes ces incertitudes n’enlèvent rien à la puissance d’évocation du carrelage. Il est difficile de regarder cet ornement, à l’endroit précis où se perpétuait le mystère de l’Eucharistie, sans y voir une réelle démarche symbolique. Les motifs de fleurs de lys, par exemple, rappellent le culte marial et la dédicace de l’église. De leur côté, les animaux hybrides, griffons et chimère sont souvent connotés à la double nature du Christ. La rosace, elle-même, en combinant cercles et carrés, n’est pas sans rappeler le labyrinthe des cathédrales, comme une réminiscence de figures cosmogoniques chères aux mosaïstes de l’Antiquité. (Jean Desloges, 2012, pavement - In fiche signalétique de l’église)