Grand-Vabre
Au cœur du Pays de Conques, dans la vallée du Lot, à la rencontre deux régions : Midi-Pyrénées et Auvergne.
Le grand Vabre paraît dans un cadre verdoyant et vallonné.
Le patrimoine architectural est très diversifié : chapelle pré-romane ; église du 15ème ; site de Vinzelle.
Aucun document ne permet de dater avec précision la création de Grand-Vabre. La « Chronologie des Abbés de Conques » permet cependant d’affirmer qu’une paroisse existait en ces lieux au 8ème siècle. Selon certaines hypothèses, sa création pourrait même remonter au 5ème siècle.
Toponymie
Le village tirerait son nom du mot celte « vabero » ou « gabero » (eau souterraine, ravin). Cette étymologie se retrouverait également dans la langue gauloise sous le vocable « vobero »ou « vaberos » (cours d’eau souterrain) qui aurait inspiré le terme roman « wabero » (précipice, ravin).
Pourquoi « Grand » ? Les avis sont partagés mais la plupart des spécialistes, qu’ils privilégient la piste ouralo-altaïque, préceltique ou celtique, s’accordent à penser que Grand-Vabre s’orthographiait Gand-Vabre ou Gan-Vabre (qui, selon certains auteurs sous-tendrait une notion de dureté, de pierre ou, pour d’autres, aurait le sens de rigole ou, pour d’autres encore, correspondrait à l’article le). Cette orthographe paraît confirmée par des écrits anciens (comme la « Chronologie des Abbés de Conques » datant de 1060) ou plus simplement par le parler local occitan transmis de génération en génération et donc témoin incontestable de l’histoire de Gand-Vabre.
Deux ponts permettent de relier le bourg de Grand-Vabre aux hameaux situés sur la rive gauche du Dourdou
La rivière Dourdou traverse des collines de grès rouge et elle a souvent cette couleur dès qu’il pleut un peu. A sa confluence avec le Lot, elle forme une belle coulée colorée.
Chapelle Notre-Dame de la Nativité ou de Dadon
Située sur la place du village, face aux Monuments aux Morts, cette chapelle a été, d’après la tradition orale qui nous est parvenue, l’église primitive de Grand-Vabre. Aucun document ne donne d’indication précise sur l’époque de sa fondation.
On peut toutefois, selon toute vraisemblance, la faire remonter au 6ème et peut-être même au 5ème siècle.
Ce dont on est sûr c’est qu’elle existait au 7ème siècle. En effet, selon la « Chronologie des Abbés de Conques », « un saint personnage nommé Dadon, envoyé dans ce monastère par le roi Pépin vers l’an 753 … se retira dans le lieu appelé Grandevabrum où il fut enseveli devant la porte de la Chapelle de Notre-Dame qu’il avait fait réparer ».
Dadon, qui mourut vers l’an 755, serait représenté sur le tympan du Jugement dernier de l’Abbatiale de Conques, sous la forme d’un vieillard à longue barbe appuyé sur un bâton, à la droite du Christ derrière la Vierge Marie et l’apôtre Saint-Pierre.
La construction primitive a subi plusieurs modifications au cours des siècles. Un agrandissement est probablement intervenu vers la fin du 15ème siècle. A la fin du 19ème siècle une partie de l’édifice, endommagée par le temps, a été démolie. Seul subsiste aujourd’hui le chœur de la chapelle primitive qui a fait l’objet d’une dernière restauration à la fin des années 1970 et d’un ravalement en 1999.
Dédiée à la Nativité de la Vierge, la chapelle abrite dans ses murs une Vierge à l’Enfant, statue du XIVème siècle en bois polychrome, restaurée en 1949. Cette Vierge couronnée porte l’Enfant Jésus sur le genou gauche et tient une fleur de lis dans la main droite. Deux berceaux miniatures décorés de rouelles entourent la statue, connue aussi de ce fait sous le nom de Notre-Dame des Berceaux.
Eglise Saint Pierre
L’église paroissiale de Grand-Vabre domine le village, comme pour le protéger. Aucun document ne permet de dater l’époque exacte de sa construction.
On peut toutefois raisonnablement penser qu’elle remonte au moins au 15ème siècle puisque, d’après le Pouillé de Conques, elle existait déjà en 1510 sous le vocable de Saint Pierre.
Selon le compte-rendu d’une Excursion Archéologique rédigé le 4 août 1876, « l’Église repose sur les fondations d’une église romane du 11ème siècle ». Le clocher, de style roman à l’origine, a été surélevé en 1923, à l’occasion d’une réparation
Le portail est traité dans un style Renaissance (16ème siècle). Au centre du linteau est sculpté un blason (aujourd’hui martelé) entouré d’une couronne de feuillage. De part et d’autre de ce blason sont représentés des volutes en S ainsi que des médaillons ornés de profil à l’antique et de petits anges tenant un phylactère. Le Fronton triangulaire au-dessus du linteau est surmonté d’une statue de Saint Pierre mitré.
Rénovée dans les dernières années du 20ème siècle, l’Église Saint Pierre a conservé sur son mur de façade la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité ».
À l’intérieur, les voûtes ogivales s’accompagnent de clés et de culots sculptés. Les armoiries du Chapitre de Conques (deux mains jointes) sont reproduites plusieurs fois sur les clés de voûte et sur plusieurs médaillons qui reçoivent et supportent les nervures.
Dans le chœur, à droite de l’autel, on peut admirer, scellé au mur, un bas-relief représentant une « Pietà », datant vraisemblablement du début du 15ème siècle
Dans le chœur, à gauche de l’autel, dans une vitrine, est rassemblé le Trésor de l’Église constitué notamment d’une croix de procession en argent, œuvre de Pinel, orfèvre à Rodez et Toulouse et datant du dernier quart du 18ème siècle.
Dans la chapelle latérale à gauche de l’autel, se trouve un remarquable tableau peint sur bois datant du 17ème siècle, représentant, au centre, la Vierge du Rosaire avec Saint Dominique et Sainte Catherine à ses pieds, à gauche, une Nativité, à droite, une Assomption.
Chapelle saint Roch
Saint Roch était vénéré comme protecteur des animaux et des cultures. Lors des graves épidémies ravageant le bétail ou d’évènements affectant les récoltes, la population recherchait la protection divine sous forme de pèlerinages, processions ou autres manifestations religieuses. Les bénédictions avaient lieu en direction de la Vallée du Lot et du Dourdou, et ce, à dates fixes, le 16 août pour les animaux, avant la fête de l’Ascension pour les cultures et à l’occasion des Rogations. La restauration totale de la chapelle a été réalisée en 1999-2000.
À proximité immédiate de la chapelle Saint Roch, sur le Roucan, se trouve la statue de la Vierge Notre-Dame de la Paix. Pour l’atteindre, il faut emprunter un sentier à l’arrière de la chapelle. Cette statue a été élevée en 1945 sur un piton panoramique à la suite d’un vœu fait pendant la guerre 1939-1945. En août 1944, le curé du village a en effet formé le vœu d’ériger une statue à Notre-Dame de la Paix si Grand-Vabre avait « la joie de voir revenir sains et saufs tous ses enfants présentement en Allemagne… ». Ce fut heureusement le cas. La statue fut inaugurée le 15 août 1945 et domine Grand-Vabre depuis lors.