Six-Fours les Plages est une commune française située dans le département du Var, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Toponomie
Du latin Sex Fortis ou Sex Fumi signifiant « Six forts ou Postes fortifiés » ; Six Fors au Moyen Age ; Sièis Four de Prouvènço en provençal.
Histoire
Six Fours est l’un des 6 postes fortifiés (forts) construits vers 550 av. J.-C. par les grecs de Massalia (Marseille), sur la colline dominant Le Brusc, pour se protéger des Ligures de l’intérieur et des Sarrasins venant de la mer.
Pour la petite histoire
Cette citadelle ne fut jamais prise par l’ennemi et fit l’objet de chansons folkloriques comme « Ceu a Six Fors que pissoun lou plou for ».
En 49 av. J.-C. César fit le siège de la citadelle contre Marseille s’étant alliée à Pompée et elle fut détruite.
En Provence, à partir du IVe siècle, l’influence romaine diminue pour laisser la place à un monde chrétien. En 771, la Provence passe dans le Saint-Empire romain germanique jusqu’au XIVe siècle.
La communauté de Six-Fours soutient les Duras contre Louis Ier d’Anjou jusqu’en 1386 mais rejoindra les Angevins grâce à Marie de Blois, veuve de Louis Ier et régente de leur fils Louis II.
La rade de Toulon vue depuis l’église Saint-Pierre
Collégiale Saint-Pierre
La collégiale est le seul édifice restant du village historique de Six-Fours. La partie romane, sud de l’église actuelle, a été construite au XIIe siècle.
La partie gothique date du XVIIe siècle et l’église fut consacrée le 5 juin 1634 par l’évêque de Toulon.
L’église est érigée en collégiale par délibération du 19 novembre 1648 du cardinal de Richelieu (Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, archevêque de Lyon et abbé de Saint-Victor).
Retable : très imposant en bois sculpté, polychrome et doré, à deux groupes de trois colonnes de 1628, restauré en 1971, de Laurent Lieutaud, Maître-tourneur de Six-fours et Bouchoni, Maître doreur de Marseille
Tableau : « La remise des clefs à Saint-Pierre », de 1622 de Guillaume Greve (1580, ), artiste peintre allemand, qui s’installa à Avignon, élève de Genyt, né à Emden. Ce tableau fut acquis à Avignon par J. Lombard, curé de Six-Fours.
Horace Vemet (1789-1863), en contemplant ce tableau a dit : « Ingres, seul de nos jours, est capable d’une pareille exécution »
Cette célèbre et magnifique toile du peintre dominicain d’Avignon est datée et signée. Elle représente Jésus-Christ, entouré du collège apostolique remettant à Saint-Pierre les clefs du ciel et le désignant comme Chef de l’Eglise.
C’est une œuvre pleine de vie et de mouvements dans laquelle le maître a donné toute l’ampleur de son merveilleux talent.
Au-dessus deux écus accolés, cerclés du collier de l’Ordre Royal de Saint-Michel, institué en 1469 par Louis XI. Les écus n’ont pas d’armoiries distinctes.
Sous l’autel, deux caveaux renfermant les restes des prêtres et chanoines de la Collégiale.
Les stalles, Classé monument historique en 1911 et restaurées en 1962 :
Le chœur fut orné en 1656 d’une double galerie de stalles en noyer sculpté, due au talent de Pierre Arnaud. Leur nombre fut réduit à 26 stalles au lieu de 60 en 1820 .
Devant le Maître-autel, une statue en bois de Saint Pierre du XIXe siècle (elle est portée à dos d’hommes lors de la fête votive du premier dimanche d’août).
En levant la tête vous apercevrez sur la poutre du Maître-autel et sur les voûtes des restes de « fresques liturgiques », datées du XVIIe siècle, qui ont été découvertes en 1999 sous une couche d’enduit blanc malencontreusement appliqué à une certaine époque par des « restaurateurs dépourvus de bon sens ». (In fiche signalétique de l’église)
Le tableau daté de 1624 représente un saint évêque (Saint Augustin) avec un saint Ermite (Saint Antoine) et une sainte, coiffée d’une couronne comtale (Sainte Thècle, vierge martyre du Ie siècle). (In fiche signalétique de l’église)
Tableau représentant la Sainte Famille (La Vierge et Saint Joseph) avec des Anges et un saint : Saint Joachim. La présence du drapeau à « leur de lys or » indique qu’il s’agit d’une œuvre exécutée par une école du Midi de la France. Ce tableau peut être interprété comme un ex-voto offert à la Sainte Famille : un ange offre à l’enfant Jésus un panier remplit de fruits et de fleurs. (In fiche signalétique de l’église)
Tableau de la « Vierge de l’Assomption » de Feraud (1840), restauré par l’association. C’est une copie du célèbre tableau du même nom de B. Murillo. (In fiche signalétique de l’église)
« Prédelle » du XVIIe siècle, qui peut-être attribuée à G. Greve et où l’enfer est peint dans un genre du XVe. Elle est divisée en 5 compartiments : 1) la résurrection des morts ; 2) un visage d’homme triste et larmoyant ; 3) l’état d’une âme qui jouit des Félicités du ciel, sous les traits d’une jeune fille portant une couronne de roses blanches et richement vêtue ; 4) une âme de damné en proie aux souffrances de l’enfer ; 5) la vision de l’enfer. (In fiche signalétique de l’église)
A gauche, buste reliquaire en noyer de Sainte Barbe, tenant une tour sans ses bras, 1740
A droite, bustre polychrome de Saint Jean-Baptiste du XVIIe siècle.
Sainte Anne
Saint Honorât et Saint Louis d’Anjou (ou Louis de Brignoles
A gauche, saint Sébastien, art populaire du XVIIe siècle.
A droite, « une gloire » en bois polychrome du XVIIe siècle.
Ludovico Brea (1450-1523) : « Polyptyque de la Madone ».
Le « Polyptyque de Six-Fours » représente la plus importante des œuvres exposées dans la collégiale Saint-Pierre. Il aurait été exécuté entre 1520 et 1523 et il existe aux Arcs-sur-Argens un polyptique tout à fait semblable, daté de 1501. Ce tableau se trouvait dans l’église Saint-Jean des Crottes, au pied de la colline de Six-Fours. L’église ayant été détruite à la Révolution, l’œuvre a été installée dans la partie romane de la collégiale Saint-Pierre.
Son auteur, Ludovico Brea, est l’artiste le plus célèbre d’une famille de peintres niçois dont on retrouve les œuvres de Six-Fours à Gênes. Il continue la tradition des tableaux à compartiments des siècles précédents, avec, cependant, des améliorations artistiques sensibles dues à la Renaissance.
La galerie des saints et de la Vierge
Les 5 compartiments du bas ; de gauche à droite :
Saint Jean-Baptiste, dernier des prophètes, annonce la venue du Messie.
Saint Pierre tient à la main les deux clés du Ciel et de la Terre, remises par le Christ.
La Vierge Marie, assise, tient l’Enfant Jésus dans son bras, et un livre sous sa main gauche. L’Enfant Jésus ; à sa main, un chardonneret à collerette rouge signe de sa future passion.
Saint Honorât, évêque, fondateur du monastère réputé de l’île de Lérins
Saint Benoît, fondateur de l’ordre des Bénédictins
Les cinq compartiments du haut ; de gauche à droite :
Saint Martin, en évêque.
Saint Victor, en soldat romain, fondateur de l’abbaye Saint-Victor de Marseille
Le Christ en croix avec, dans le fond, la colombe du saint Esprit. Au pied de la croix, la Vierge Marie et saint Jean l’évangéliste.
Saint Sébastien, percé de flèches, invoqué pour se prémunir contre la peste..
Sainte Marguerite, invoquée par les femmes enceintes. . (In fiche signalétique de l’église)
Triptyque : « Saint-Clair avec Saint-Bernard et Sainte Théophila » fin XVe début XVIe siècle.
Le support est en bois sculpté et doré, structuré en deux registres : la partie inférieure est composée d’un encadrement à trois personnages peints : Saint Bernard en moine cistercien, à ses pieds un monstre satanique ; Saint Clair, évêque mitré, crosse en main, lisant et méditant ; Sainte Théophila portant sur sa tête un diadème et sur ses épaules un manteau rouge doublé d’hermine et tenant à la main la palme du martyre. Le tableau est surmonté d’une voussure en demi-berceau formant ciel, à deux réserves également à décor peint, le tout sommé par un attique formant le registre supérieur. Les écritures et les costumes, le situerait entre 1490 et 1520 (ce qui en ferait l’œuvre la plus ancienne de la Collégiale). Il a été exposé en 1937 à la section d’art religieux de l’exposition internationale de Paris. Nous sommes peut-être en présence d’un retable d’autel. L’aspect très architecture de l’encadrement évoque une pièce de mobilier et s’avère typique des productions du gothique international. (In fiche signalétique de l’église)
Les « vitraux » présentés ici, ont été restaurés en 1996. A l’origine l’église était ornée de vitraux à personnages posés 1861, œuvre de Laurent Maréchal, maître verrier, né à Metz. Malheureusement ils ont été tous démolis à la suite de la construction du Fort et des vicissitudes de la dernière guerre. Seul subsiste la rosace au-dessus du chœur gothique et la partie haute de la fenêtre de la façade Sud. qui est présentée ici. La Vierge qui a servi de modèle est Valentine, la fille du baron Haussmann : préfet de la Seine sous le second Empire. (In fiche signalétique de l’église)
Vierge de l’Assomption
Marbre blanc de 1,30 m de hauteur qui est attribuée à Pierre Puget où à ses élèves. On remarquera la perfection des plis de la robe et le beau geste des mains. (In fiche signalétique de l’église)
Tableau vraisemblablement de la 2° école de Fontainebleau (1710 - 1750), « Sainte Anne » (Restauré en 1977).
Il ressemble à une « tapisserie des Gobelins » et représente une Sainte Famille : une vieille Dame : Sainte Elisabeth offre une poire à l’Enfant Jésus, assis sur les genoux de Sainte Anne. Saint Jean Baptiste s’amuse avec lui. La Vierge, debout, contemple la scène. Sa figure est celle de la principale bienfaitrice de la chapelle. Les dames sont en costume du XVIe siècle. (In fiche signalétique de l’église)
« La Madone du Rosaire » du XVIIe siècle (restaurée en 1995) :
Une multitude d’anges célèbrent le triomphe de Marie placée en leur centre et qui révèle à Saint-Dominique, Sainte-Catherine de Sienne la dévotion dévolue au monde catholique. Cette composition est représentée dans 15 médaillons très détaillés sur les mystères du Rosaire : ce mystère du Rosaire ou de la vie de la Vierge, est une dévotion répandue à la fin du XIIe et propagée par les Dominicains.
Cette œuvre d’un art et d’un travail infini, avec un sujet iconographique très particulier, pourrait être mise en rapport avec l’installation de la confrérie du Rosaire à Six-Fours, par bulle du Pape Paul V en 1616.
En haut à gauche puis en descendant :
5 mystères joyeux : Annonciation (l’ange annonce à Marie qu’elle sera mère de Jésus), Visitation (Marie va aider sa cousine Elisabeth), Naissance de Jésus à Bethléem, . Présentation au Temple (Marie offre Jésus), Jésus perdu et retrouvé au Temple.
5 mystères douloureux : Agonie au jardin des oliviers (Jésus souffre son agonie), Flagellation, Couronnement d’épines, Portement de Croix (sur le chemin du calvaire), Crucifixion (Jésus meurt sur la croix).
5 Mystères glorieux : Résurrection (jésus ressuscité le jour de Pâques), Ascension (Jésus in monte au ciel), Descente du Saint-Esprit (sur les apôtres le jour de Pentecôte), et Assomption de la Vierge (Marie est élevée au ciel le jour de l’Assomption), Marie est couronnée reine du ciel. (In fiche signalétique de l’église)
La fuite en Egypte peinture sur bois du XVIIIe siècle, restaurée en 1997 par les Ateliers Bourgoin de Monaco.
Les personnages se détachent sur un paysage vallonné. Les visages expriment une certaine inquiétude. (In fiche signalétique de l’église)
« L’apothéose de Sainte Cécile » Ecole du Midi de la France du XVIIIe siècle dont la composition est organisée en deux registres représentant Sainte Cécile jouant de l’orgue (patronne des musiciens) en compagnie de deux saintes inconnues. Nota : le domaine de Sainte Cécile fût érigé par Henri IX en 1593. La famille Lombard de Six-Fours prirent le titre de seigneur de Sainte Cécile et jouèrent un rôle actif dans l’embellissement de la Collégiale. (In fiche signalétique de l’église)
Sous la vitre « un caveau » avec des ossements retrouvés lors des fouilles de la partie romane. Ils proviennent d’un cimetière antérieur au XVe et déclassé. (In fiche signalétique de l’église)