Le tableau des saints protecteurs de l’église de Bressieux
Ce grand tableau du XVIIe siècle montre « La Vierge entourée de saint Michel et de saint Roch ». Devant un paysage de douces collines dominé par la chaîne du Vercors, l’archange saint Michel, cuirassé, terrasse un dragon (symbole du mal) de la lance, dont l’extrémité arbore une croix
Curieusement, l’archange tient dans sa main gauche une palme, habituellement attribuée aux martyrs. Dans la partie droite du tableau, saint Roch, protecteur des malades atteints de la peste, est représenté vêtu d’un habit de pèlerin, ample manteau, chapeau et besace, le traditionnel bâton de pèlerinage à la main. Relevant son habit, un ange soigne un bubon de peste sur sa cuisse droite. L’hagiographie du saint raconte en effet qu’au retour d*un pèlerinage à Rome, il contracta la terrible maladie. Contraint de s’isoler, il se réfugia dans un bois où un chien lui apportait chaque jour un pain dérobé à la table de son maître. Cet animal est d’ailleurs représenté en bas à droite, portant dans sa gueule une miche de pain. Au-dessus de l’archange et du saint, mais d’une taille légèrement inférieure par un effet de perspective, la Vierge trône en majesté, assise sur les nuages, les pieds soutenus par deux angelots, les bras étendus dans un geste de protection.
Conçu dans la grande tradition médiévale, avec une imagerie convenue, le tableau est censé permettre aux fidèles, en les rapprochant de ces saints personnages par une pédagogie iconographique, de pouvoir s’adresser à eux avec d’autant plus de ferveur.
« L’église de Bressieux, près du château » étant dédiée à Notre-Dame et saint Roch et celle du village à saint Michel, on peut voir dans cette image une simple évocation des saints patrons de la paroisse, tandis que la peste qui sévit à Bressieux en 1650-1651 appelle logiquement la figure de saint Roch. Peut-être pourrait-on aussi lire dans ce tableau une célébration de l’esprit triomphant de la Contre-Réforme. À défaut de connaître les intentions du commanditaire, du moins sait-on par le blason qu’il s’agit d’Alexis Reboul, prieur de Saint Siméon de Bressieux au début du XVIIe siècle.
(In Le château de Bressieux, une grande baronnie en Dauphiné, Grenoble, Musée dauphinois, Conseil général de l’Isère, coll. « Patrimoine en Isère », 1999, 55 p, 2e Ed 2013.)
|