Saint Eloy la Glacière

A 1048 m d’altitude, au pays des épilobes roses et des grands sapins noirs, de mémoire d’Ancien,

Rien n’arrête le vent,
Rien n’arrête la neige.
Le plus haut, le plus froid

Origine du nom :
Avant le XVIIIe siècle, la paroisse s’appelait Saint-Eloi.
En 1793, la municipalité demanda que le bourg troque son nom « gothique » pour celui plus révolutionnaire de Montagne Glacière. Le second terme a survécu. (d’après Michel Boy, Petit guide de l’arrondissement d’Ambert).

La commune de Saint-Eloy la Glacière est adhérente du Parc naturel régional Livradois-Forez.

L’église Saint-Eloi ou Saint-Alyre ?

Plusieurs actes du cartulaire de Sauxillanges concernent le bourg que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Saint-Eloi la Glacière, commune du canton de Saint-Amant Roche Savine.
Au milieu du XIe siècle, l’église y est toujours titrée du nom de Saint-Alyre (sanctus Illidius) évêque d’Auvergne à la fin du IVe siècle. A la suite de donations diverses sous le règne de Lothaire (954-986) et sous l’abbatiat de saint Mayeul (949-994) elle passe sous le titre de Saint-Eloi (Sanctus Eligius), le trésorier des rois mérovingiens Clothaire II et Dagobert Ier. En 1096, le pape Urbain II entérine la possession par Sauxillanges de l’église de Saint-Eloi (patron des orfèvres et des travailleurs des métaux). Mais cette fois, elle est bien titrée du nom de Sanctus Eligius et non plus de Sanctus Illidius. En 1070 Gilbert Motier, ancêtre des Lafayette cède encore aux moines une appenderie sise à Saint-Eloi, mais aussi une redevance de 5 sous qu’il perçoit sur les revenus de l’église du lieu. Cette cession achevait la restitution à l’Eglise des droits détenus sur des biens religieux par des laïcs.
Que l’église de Saint-Eloi ait été primitivement placée sous le patronage de Saint-Alyre paraît confirmé du fait que l’édifice possédait des reliques de saint Illidius ou Alyre. Son culte était très ancien.
Le changement de nom est peut être venu à cause de l’homonymie existant entre cette paroisse et celle de Sainte-Alyre, au-dessus d’Arlanc.

Mais le nom de Saint-Alyre ne disparut pas pour autant puisque certains documents du début du XVIIIe siècle nomment encore couramment Saint-Eloi, Saint-Alyre près Montboissier.
(Sources : article de Michel Boy du 11 déc. 2011 d’après hors série n°16 : Chroniques Historiques d’Ambert et de son arrondissement 1990. Edition Le Grahlf, Ambert.)

Eglise Saint-Eloi (XIIIe - XVe siècles : Facture romane)

A gauche, façade principale
A droite, chevet

A gauche, clocher du XIXe siècle (Les cloches datent de 1488 et 1749)


Pour la petite histoire
Les cloches ont passé sans encombre la période révolutionnaire, bien que l’ordre ait été donné de ne conserver qu’une seule cloche par village pour convoquer les citoyens en assemblée communale ou pour sonner le tocsin en cas d’incendie.

La plus ancienne (1488) porte l’inscription suivante :
+xps vincii xpsregnat xps ab omni malo nos defendat l’an mil ccc iiii viii.
. xps étant le monogramme du Christ
. christ vit Christ règne Christ nous défend de tout mal.
Une invocation à Dieu y est également gravée :
te feum laudamus Dieu nous te louons.
Et une autre à Saint Blaise :
sancte blasi ora pro noblis Saint Blaise, priez pour nous.
Elle est ornée d’une petite croix sur le piédestal et ses anses sont moulurées. On peut y voir un alphabet complet qui a la particularité d’être écrit à l’envers.

La seconde, plus petite a été fabriquée en 1749 par Mathieu Seurot* qui a daté et signé son ouvrage.
Une longue inscription latine :
ihs virtus mea in nubes nebulam sicut cinerem spargo laudo deum vivos et mortuos. maria. vocor. benedixit vacheron parochus. patrino maximiliano de bosredon. marchione. dinasta huis loci. matrina vero nobili domuna gilgertha dalmas teyras 1749.
Jésus sauveur des hommes, ma force. Vers les nuées je répands la bruine comme la cendre. Je loue Dieu pour les vivants et pour les morts. Je m’appelle Marie. Le curé Vacheron m’a bénie. Mon parrain étant le marquis Maximilien de Bosredon de ce lieu, ma marraine, noble dame Gilberte Dalmas Teyras.

La décoration des anses est constituée de têtes toutes différentes.
Par ailleurs plusieurs cartouches représentent une vierge avec son sceptre, un calvaire avec la Vierge et Saint Jean, un évêque et saint Roch.
La commune aurait eu trois saints tutélaires : Saint Blaise, Saint Roch et Saint Eloy dont elle porte le nom.

*Mathieu Seurot était issu d’une famille de fondeurs clermontois qui exerça son activité dans la région du XVIIe au XIXe siècle. Au cours de cette année il réalisa aussi une cloche pour l’église de Saint Amant Roche Savine, après avoir fait, entre autres celles du Monestier en 1730 et de Brousse en 1747.

(Sources : d’après un article paru dans Chroniques historiques du Livradois-Forez, 2011, Bulletin n°33 référencé : Les cloches du Puy de Dôme de B. Crapelet et F. Aleil.)

L’extérieur

Un porche voûté en plein cintre précède la porte d’entrée ornée d’un tympan Renaissance en accolade. Elle est surmontée par une statuette de saint Eloi (enclume) : saint patron, à l’origine, du maréchal-ferrant.

Porte et ferrures d’origine

La porte d’entrée de l’église Saint-Eloi possède deux vantaux qui conservent un ensemble de ferrures hétéroclites recouvrant la quasi totalité de la surface disponible. A hauteur des gonds, on distingue des éléments de pentures véritables :

(1) Barres biseautées pour former des C adossés dont certaines extrémités portent de petites têtes en relief (XIIIe - XIVe siècles). Chaque ventail est armé sur son bord côté serrure d’une ferrure verticale terminée également par une petite face humaine.
(2) N’oublions pas que saint Eloi est le patron des travailleurs des métaux.
Les autres éléments paraissent plus récents.

L’intérieur

La nef centrale et le chœur sont couverts d’une voûté romane semi brisée.
Les bas-côtés d’une voûte romane en arêtes.

  • Le vitrail de l’abside représente saint Eloi. Au-dessus du vitrail, un étrange personnage, entouré d’angelots.
    Bas-côté sud
  • Chapelle

Au-dessus de l’autel un triptyque en bois

A gauche, saint Eloi
A droite, saint Jean-Baptiste

  • Vitraux

En médaillon, le vitrail de cette chapelle évoque saint Eloi
A gauche, attributs de l’évêque : mitre et crosse.
A droite, outils du maréchal-ferrant : marteau et pinces, en arrière plan.

Bas-côté nord
  • Chapelle

Symétrique à la précédente

L’autel supporte un triptyque en bois, dont le panneau central porte 3 statues : au centre une pietà encadrée par les représentations de saint Joseph et de saint Roch.

  • Mobilier

    Notre-Dame de La Salette et les 2 enfants auxquels elle serait apparue en 1846 en haut du village de La Salette-Fallavaux, près de Corps (Isère).


Pour la petite histoire
Les habitants de Saint-Eloy la Glacière sont de bons citoyens et de bons chrétiens.
. 1871 : M. Teyras de Grandval percepteur demande aux habitants de Saint-Eloy de soutenir l’effort de guerre. (Guerre franco-prussienne 1870-1871).

. 1940 : Courrier de remerciement de la municipalité concernant l’installation du beffroi.

Un autre regard

A la sortie du village, après avoir traversé la grand route, un chemin forestier nous conduit jusqu’à :

Nous nous enfonçons dans la fraîcheur du sous bois…

Une eau limpide sourd, et coule sans bruit, en suivant la pente du bois, après être passé sous une sorte de petit tumulus.

Nous voici devant une carte : deux linteaux de pierre posés sur deux jambes, au-dessus d’une source fraîche.
Cette installation, commune autrefois dans les campagnes, servaient à garder le lait au frais.

Son origine est pourtant bien plus ancienne et elle a été seulement adaptée à l’usage domestique. Nous sommes ici sur un ancien lieu de culte païen dédié à la déesse mère.

Ce point d’eau servit ensuite d’abreuvoir pour les chevaux. L’eau n’a pas de vertu curative particulière mais elle assure bonne santé et guérison aux animaux qui en font neuf fois le tour. Il s’agissait plutôt d’un rituel. En fait on pense plutôt qu’après avoir fait boire les animaux à la source, on les conduisait faire 9 fois le tour d’une croix située un peu plus haut.

Notre mystérieuse Auvergne garde à jamais ses secrets et ses sortilèges…


Hagiographie : saint Eloi
Saint Eloi était orfèvre et peut être a-t-il lui-même introduit cet art en Limousin ; on sait, en effet, qu’au Xe siècle, l’abbaye Saint-Martial de Limoges devint un foyer de joaillerie et d’émaillerie : les moines travaillaient l’or et l’argent et fabriquaient des châsses, des coffrets eucharistiques, des statues de saints, des anneaux d’évêque qu’ils ornaient de camées et de pierres précieuses.
Eloi, homme des VIe et VIIe siècles (né vers 588-660), ne connaissait pas encore tous ces raffinements ; du moins, savait-il bien son métier. Bientôt pourtant il monta l’exercer à Paris et se mit au service de Bobon, le trésorier royal. Un jour le roi Clotaire II vint lui commander un trône d’or incrusté de pierreries, lui fournissant très largement à cette fin le métal précieux nécessaire. Le jeune orfèvre se mit donc au travail et usa des maillets et des bigornes, emboutit et souda, martela et cisela, ragréa et brunit. Mais une fois terminé le siège royal du mérovingien, demeurait encore disponible une quantité d’or. Aussi l’honnête Eloi fabriqua-t-il un second siège qu’il dora avec ce qui restait de métal précieux et, lorsque le souverain reçut livraison de sa commande, quelle ne fut pas sa surprise de recevoir deux… " dagoberts " au lieu d’un simple trône.
Frappé par l’intégrité de cet artisan, Lothaire en fit son conseiller et ministre. Eloi conservera cette charge lorsque Dagobert succédera plus tard à son père.
A plusieurs reprises, Eloi exerça des missions diplomatiques. Mais il surveilla surtout la frappe des monnaies (il reste encore des pièces portant sa signature). En même temps, il continuait ses travaux d’orfèvrerie.
Homme de cour et artiste, Eloi n’en demeurait pas moins un chrétien vertueux, aussi scrupuleux à suivre l’Evangile qu’à ménager l’or qu’on lui confiait. Afin de mieux aider les pauvres, il délaissait les vêtements somptueux et leur préférait des habits moins coûteux sous lesquels, d’ailleurs, il portait cilice. Il usait surtout de miséricorde envers les prisonniers de guerre tombés en esclavage. Il en rachetait jusqu’à cinquante à la fois qu’il renvoyait chez eux ou qu’il gardait auprès de lui et beaucoup d’entre eux devinrent prêtres ou moines. Dagobert ayant donné à son ministre la terre de Solignac, celui-ci y bâtit un monastère. Il en installa encore un autre à Paris dans sa propre demeure et, comme ces saints dont il honorait les reliques, il accomplissait lui-même des miracles : boiteux guéri, paralytique remis sur pied, main desséchée rendue à la santé, vin multiplié pour les pauvres.
A la mort de Dagobert, Eloi entra dans la cléricature. Il fut sacré évêque, le 13 mai 641, en la cathédrale de Rouen. Sur son chemin fleurissaient les prodiges : guérisons de malades ou délivrances de possédés. Ne raconte-t-on pas encore que voulant un jour donner une leçon à un maréchal-ferrant trop prétentieux, il lui aurait montré de façon singulière comment ferrer un cheval : Eloi trancha la patte de l’animal, la ferra puis la remit en place sans que la bête en éprouvât du désagrément.
On comprend dès lors pourquoi saint Eloi est devenu le protecteur des chevaux et le patron des maréchaux-ferrants, des maquignons, des cultivateurs, des vétérinaires ainsi que de tous les corps de métiers qui, jadis, avaient de près ou de loin un rapport avec les chevaux (et maintenant avec les chevaux-vapeurs) : bourreliers, charrons, carrossiers, charretiers, mécaniciens et garagistes.
Le 1er décembre 660, il rendait son âme à Dieu tout joyeux d’entrer en l’éternelle béatitude. Lorsqu’un an plus tard on voulut donner au saint une sépulture plus digne de lui, on retrouva son corps intact. Au Moyen Age, maintes corporations le prendront pour patron, notamment celles des orfèvres, des joailliers et des doreurs qui voudront honorer leur ancien collègue, mais encore celles des gens qui travaillent de moins nobles métaux comme les serruriers et les quincailliers.
(Source : http://missel.free.fr/Sanctoral/12/01.php)


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