Beaune

Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune


Dans cet hôpital, que l’on nomme aussi Hôtel-Dieu au Moyen Âge, ce sont les sœurs hospitalières qui donnent les soins. Leur travail est d’accompagner les malades vers la guérison par des soins médicaux et des prières car elles ont fait des vœux temporels. La vie à l’Hôtel-Dieu suit donc les principes des œuvres de miséricorde : ce sont de bonnes actions destinées à venir en aide à autrui, à la fois sur le plan corporel-le corps et sur le plan spirituel-l’esprit ; elles sont recommandées dans nombre de religions, et les sœurs hospitaières suivent celles définies par l’Église.


Un lieu unique où rayonne l’esprit de la Bourgogne ducale !
Cet hôpital, palais pour les Pôvres, a été fondé en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne et Guigone de Salins, son épouse, tous deux investis dans cette magnifique construction où les plus nobles matériaux lui ont garanti sa pérennité durant des siècles.
Leurs successeurs ont poursuivi leur œuvre dans les règles de l’art, afin de maintenir l’excellence de ce lieu de soins, où la magnificence l’emporte sur l’utilitaire.


Nicolas Rolin (Autun, 1376-1462)
Chancelier du duc de Bourgogne pendant 40 ans, mécène et bâtisseur, il possède de nombreuses seigneuries. La Vierge au chancelier Rolin, peinte par Jan van Eyck et conservée au musée du Louvre, rappelle la composition du panneau de Beaune. Quant au séraphin rouge qui porte ses armoiries,
c’est un esprit céleste de la première hiérarchie des anges, reflet de la position élevée de Nicolas Rolin dans le duché de Bourgogne.


Guigone de Salins (Salins, 1403 - Beaune, 1470) En 1423, elle épouse Nicolas Rolin. Veuve en 1462, elle se met au service des pauvres en devenant dame hospitalière à l’Hôtel-Dieu où elle repose dans la chapelle. Sur son écu, sont représentés la tour - armes de sa famille – et les clefs – armes des Rolin –

La cour d’Honneur

Les toits sont recouverts de tuiles émaillées, multicolores en terre cuite et dessinent des figures géométriques caractéristiques. De chaque côté les deux ailes de bâtiment sont surmontées de multiples lucarnes dont les sculptures et les décors de plomb constituent de véritables œuvres d’art. Deux galeries superposées permettaient aux sœurs d’assurer leur service à l’abri des intempéries.

La salle des pôvres

C’est le cœur de l’Hôtel-Dieu (50 m de long, 14 m de large et 16 m sous plafond) avec 30 lits, 15 de chaque côté et le centre occupé par des tables et des bancs pour le repas des malades.
De grands coffres permettaient aux soeurs de ranger les vêtements, draps et couvertures destinés aux malades

La charpente en lambris de chêne abrite des dragons multicolores qui « crachent » les poutres traversières évoquant les monstres de l’enfer. Les visages cocasses de bourgeois beaunois sont accompagnés de têtes d’animaux qui symbolisent leurs vices.


Christ de Pitié ou Christ Piteux
Attribué à Jan Borman II Louvain ou Bruxelles ?
Fin du XVe siècle ou début du XVIe siècle Sculpture polychrome en chêne.
Présenté exceptionnellement au niveau du sol, le Christ de Pitié est habituellement installé à 5 m de haut, au-dessus de la porte d’entrée de la salle.
Jésus est assis sur une pièce de bois, attendant d’être crucifié sur le Golgotha, lieu où se trouve le crâne d’Adam. Épuisé par le chemin de croix, le visage marqué par la souffrance, il est couronné d’épines, poignets et chevilles liés ; son manteau a glissé en plis souples, une planchette à clous y est attachée.
Un poème de 1491 définit l’Hôtel-Dieu comme la maison des pauvres de Jésus-Christ et se termine par la supplique : Jésus-Christ, piteux rédempteur, par ta pitié veuille repousser de cette maison tous les assauts de l’ennemi, afin que tu y sois servi et honoré.

Salle Saint-Hugues
La cuisine avec Sainte Marthe et la Tarasque
Saint-Jean-Baptiste (Calcaire polychrome, XVe siècle)

Ce saint mène une vie ascétique et annonce la venue de Jésus qu’il désigne par la figure de l’agneau.
En 1452, à la demande de Nicolas Rolin, le pape Nicolas V substitua le vocable de Saint-Jean-Baptiste à celui de Saint-Antoine, afin de garantir l’Hôtel-Dieu des éventuelles revendications des monastères placés sous le même vocable.

Saint Antoine ermite, saint protecteur de l’Hôtel-Dieu

Retiré dans le désert égyptien, Antoine est tenté maintes fois par le diable, qui prend notamment les traits d’un sanglier. Considéré comme le père du monachisme chrétien, il est vénéré par Guigone de Salins. Il est invoqué contre la peste, la lèpre et le mal des ardents dit aussi feu de saint Antoine ou encore ergotisme.

Vierge à l’Enfant assise : Bois, noyer monoxyle ; XIXe siècle


Le Polyptyque du jugement dernier
Rogier Van der Weyden (Tournai, 1399 ou 1400 / Bruxelles, 1464)
peinture à l’huile sur panneaux de chêne réalisée entre 1443 et 1451.
Le retable du Jugement dernier de l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune était autrefois placé au-dessus de l’autel de marbre blanc dans la chapelle de la salle des Pôvres et aujourd’hui présenté dans une salle spécialement aménagée pour sa conservation. Ce polyptyque, composé de neuf panneaux de chêne dont six étaient peints sur les deux faces, est le plus grand des retables peints par Rogier van der Weyden et le chef-d’œuvre de sa maturité ; c’est aussi la donation majeure de Nicolas Rolin à sa fondation beaunoise. Aucun document concernant la commande de cette œuvre n’a été retrouvé, mais il est probable qu’elle était été mise en place lors de la consécration de la chapelle le 31 décembre 1451, ce qui permet de situer sa réalisation entre cette date et 1443, année de la fondation. Le fait que le chancelier ait fait appel au peintre en titre de la Ville de Bruxelles, où il séjourna fréquemment avec la cour ducale, n’est pas fortuit. Le recours à un peintre flamand prestigieux témoigne en outre de son souci d’affirmer le statut social privilégié que lui confère un récent anoblissement. […]

Bien adapté à un hôpital, lieu où la question des fins dernières et de l’au-delà revêt une acuité toute particulière, le thème du Jugement dernier manifeste le triomphe du Christ sur la mort et la promesse de la vision béatifique, mais aussi l’idée du jugement associé aux œuvres de miséricorde. […]
(Extraits du texte d’Élisabeth Réveillon, conservatrice honoraire du patrimoine in L’Hôtel-Dieu de Beaune, Somogy, 2005, p.68 et 72)

Lors de la restauration effectuée dans les ateliers du Louvre entre 1875 et 1878, les panneaux des volets mobiles furent sciés dans l’épaisseur pour permettre d’admirer les 2 faces du polyptyque en même temps. C’est le polyptyque fermé que vous pouvez admirer ici, tel que le voyaient les malades depuis leurs lits.
Sur cette face du retable, le fondateur de l’Hôtel-Dieu et son épouse sont agenouillés en prière devant les saints que chacun vénère : saint Sébastien pour Nicolas Rolin et saint Antoine pour Guigone de Salins. Le chancelier du duc de Bourgogne affirme, par ailleurs, son statut social en faisant représenter son écu et son heaume. Les 2 panneaux supérieurs illustrent le thème de l’Annonciation avec l’archange Gabriel qui annonce à Marie sa maternité divine.
Avant de peindre les sujets ou motifs sur bois, une préparation blanche était appliquée sur les panneaux afin d’obtenir une surface lisse. L’artiste réalisait alors un dessin, plus ou moins détaillé. L’ensemble était ensuite recouvert d’une couche d’huile transparente appelée couche d’isolation. Le peintre appliquait alors ses couleurs en variant le nombre de couches selon qu’il souhaitait un rendu clair ou foncé sur les parties de son tableau.

Le retable fermé
Le retable ouvert


Le retable ouvert : Le Christ, Juge Suprême, majestueux dans sa robe pourpre, tient de sa main droite levée un lys et fait signe aux élus. Sa main gauche est abaissée en signe de désapprobation : « Ecartez-vous de moi, maudits dans le feu éternel… »
Aux pieds du Christ : les quatre anges annonciateurs du Jugement Dernier entourent l’Archange saint Michel. Resplendissant dans le contraste de sa robe blanche et de son manteau écarlate, le visage impassible, il pèse les âmes des ressuscités.
Panneaux de gauche : A gauche de l’arc en ciel, la Vierge implore miséricorde pour les Pécheurs ; derrière elle, six apôtres et des saints.
Panneaux de droite : A droite de l’arc en ciel, saint Jean-Baptiste et derrière lui, six apôtres et des saintes.
Bas de panneaux : A la gauche du Christ : les damnés effrayés et désespérés. A la droite du Christ : les bienheureux qui se dirigent vers le Paradis.


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